Noll, João Gilberto

JOÃO GILBERTO NOLL
La Brave Bête du coin
traduit du portugais par Dominique Nédellec
BRÉSIL
Paru le 13 mars 2018

« Sans aucun doute, João Gilberto Noll occupe une place sans équivalent dans le panthéon des auteurs brésiliens contemporains. »
Amálgama

João Gilberto Noll 1946 – 2017
« Ce n’est pas seulement la mort d’un grand écrivain, mais c’est la fin d’un langage personnel, poétique, hypnotique. Personne n’a écrit comme lui, personne n’écrira jamais plus comme lui. Il était un des nôtres sur la route infinie du langage et des passions. Et il nous faut penser que ses personnages n’avaient pas de nom de famille, et que maintenant Noll sera leur nom de famille. »
Fabrício Carpinejar écrivain
« Il a été pour nous tous un exemple d’écrivain professionnel dans un pays où l’amateurisme est omniprésent : Noll a toujours été un écrivain entièrement dévoué à son art, qu’il a porté avec passion et avec lequel il a construit non seulement une œuvre importante dans le paysage littéraire brésilien contemporain, mais par lequel il fut aussi un modèle sans concession d’écriture professionnelle, qui a toujours placé son travail littéraire au premier plan : en cela, il est l’écrivain que je cite le plus souvent comme exemple, et je vois que ce type d’attitude commence à être adoptée par des jeunes écrivains qui, quelquefois, abandonnent tout pour se consacrer à l’écriture. Il a été un précurseur, ici, parmi nous. Il nous a appris que la littérature exige un dévouement complet, absolu et professionnel. » Luiz Antonio de Assis Brasil, écrivain et professeur

Né le 15 avril 1946 à Porto Alegre, au Brésil, João Gilberto Noll a commençé en 1967 un cursus  en littérature à l’ Universidade Federal do Rio Grande do Sul, qu’il a abandonné deux ans plus tard au profit d’une carrière de journaliste pour Última Hora et Folha da Manhã, à Rio de Janeiro, où il s’installera jusqu’à son retour à Porto Alegre en 1986. Pendant les années 70, il a travaillé dans l’édition, la presse et enseigné la communication à la Pontifícia Universidade Católica. Il terminera ses études de lettres à la Faculdade Notre Dame de Rio de Janeiro en 1979.
Bien que ses textes aient été publiés dès 1970 dans l’anthologie Roda de fogo, son premier recueil de nouvelles, O cego e a dançarina, n’est paru que dix ans plus tard, couronné de trois prix littéraires. En presque 40 ans, Noll a publié treize romans (A fúria do corpo, Bandoleiros, Rastros do verão, Hotel Atlântico, O quieto animal da esquina, Harmada, A céu aberto, Canoas e marolas, Berkeley em bellagio, Lorde, Acenos e afagos, Anjo das ondas, Solidão continental), trois recueils de nouvelles (Mínimos múltiplos comunsA máquina de ser et celui mentionné plus haut), deux projets pour les enfants et les adolescents (Sou eu!O nervo da noite).
Lauréat de nombreuses récompenses — parmi lesquelles à cinq reprises le prix Jabuti, le plus important des prix littéraires brésiliens ; le prix de la fondation Guggenheim en 2002 ; le prix de l’Académie littéraire brésilienne en 2004 —, il a également dirigé un atelier d’écriture à l’université de l’Iowa en 1982 et enseigné la littérature brésilienne à l’université californienne de Berkeley en 1997. Il fut écrivain en résidence au King’s College de Londres en 2004.
Certains de ses textes ont été adaptés au cinéma : la nouvelle « Alguma coisa urgentemente », extraite de son premier recueil, a inspiré le film Nunca fomos tão felizes de Murilo Salles, en 1984 ; les romans Harmada et Hotel Atlântico ont été portés à l’écran respectivement par Maurice Capovilla en 2003, Suzana Amaral en 2009.
En dépit de toutes ces distinctions, de sa réputation nationale et d’une indéniable admiration de ses pairs en tant que l’un des prosateurs les plus intenses et les plus originaux de son époque, João Gilberto Noll n’a pas encore obtenu la reconnaissance internationale que mérite son œuvre.
Traduit en espagnol, en italien et en hébreu, il ne l’a été que très récemment en anglais. Les éditions do sont heureuses et honorées de publier la première traduction française de cet auteur majeur, mort le 29 mars 2017, quelques jours à peine après qu’un contact avait été pris pour envisager ce projet dont, ironie de l’existence, il n’a peut-être pas eu connaissance.

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« Noll a été fidèle à lui-même depuis qu’il a commencé à écrire. Ses livres pourraient être baroques (A fúria do corpo), minimalistes (Hotel Atlântico), métaphoriques (A céu aberto), qu’ils se passent à Porto Alegre (O quieto animal da esquina) ou à Londres (Lorde), mais ce qui unit ses narrateurs est une même solitude et un même sentiment d’inadéquation — sociale, sexuelle, existentielle. Ces dernières années, il avait pris une place plus grande encore avec des performances très particulières et originales de lectures publiques de ses textes — ce qui était une sorte de « style tardif », pour utiliser l’expression d’Edward Saïd. Chaque fois que je relis ses livres, je ne peux m’empêcher d’entendre cette voix en arrière-plan. » Michel Laub, écrivain, auteur de Journal de la chute et de La Pomme empoisonnée, aux éditions Buchet-Chastel, traduits du portugais (Brésil) par… Dominique Nédellec.
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Sur deux oeuvres de João Gilberto Noll, Lord et Harmada, ce texte titré Un être fractal, du traducteur Guillaume Contré, qui éclaire aussi la lecture de La Brave Bête du coin. A lire sur son blog politiquedeshavanes
João Gilberto Noll
lors d’une lecture publique de son ultime livre, Solidão continental.