Avec mon stylo · Sans son stylo

  Avec mon stylo · Sans son stylo
184 pages / 17 € / Format : 13 x 20 cm / ISBN 979-10-95434-49-8
Paru le 11 janvier 2024
〈 Le livre 〉
Diptyque tête-bêche Avec mon stylo · Sans son stylo pourra se lire dans un sens et dans un autre sens sans que l’un des textes précède ou suive l’autre.
Les deux textes Sans son stylo · Avec mon stylo ne racontent pas la même chose mais convergent.
Les deux textes Avec mon stylo · Sans son stylo convergent mais ne racontent pas la même chose.
Cela dépend sans doute du sens dans lequel on commence à lire le livre.
Le même auteur a écrit Avec mon stylo puis Sans son stylo, à moins qu’il n’ait écrit Sans son stylo puis Avec mon stylo, pourtant, que ce soit dans un sens ou dans l’autre, son nom ne figure pas sur la couverture.
Il est possible de lire Avec mon stylo puis Sans son stylo, ou bien Sans son stylo puis Avec mon stylo sans savoir qui en est l’auteur.
Cela ne change pas la lecture de ne pas le savoir.
La couverture se présente comme dans l’image qui présente la couverture puisque le livre est tête-bêche.
De tout façon Sans son stylo · Avec mon stylo est le cinquantième livre des éditions do.
De toute façon Avec mon stylo · Sans son stylo est le cinquantième livre des éditions do.
Cela ne change pas non plus la lecture de le savoir.
〈 Profil de l’auteur ? 〉
〈 Lecture de l’auteur ? 〉
〈 Extraits 〉
Sans son stylo
« J’ai pris mon stylo et je me suis mis à écrire. Je me suis dit que je n’allais pas écrire sur la disparition du château d’eau, ou plutôt que j’allais écrire sur la disparition du château d’eau en remplaçant le château d’eau par mon stylo. Donc, j’allais écrire sur la disparition de mon stylo. En même temps, j’étais très embêté, car mon stylo, je l’avais à la main, puisque j’écrivais avec. Comment raconter la disparition de mon stylo en utilisant ce même stylo prétendument disparu ? En même temps, me disais-je, pour que le récit de la disparition de mon stylo soit sincère, ne faut-il pas l’écrire avec mon stylo disparu ? Je pourrais, bien sûr, l’écrire avec un autre stylo. Mais ce serait biaiser le récit. Ça sentirait l’artifice. C’est comme ça qu’on écrit de mauvais livres. »
Avec mon stylo
« On s’en fiche, on est ensemble, mon stylo et moi. On n’a pas besoin de faire. Les autres, les autres ont besoin de faire, puisqu’ils n’ont pas mon stylo. Vous avez besoin de faire, puisque vous n’avez pas mon stylo. Mais pas moi. Pas moi, depuis que j’ai mon stylo. Est-ce à dire que je ne ferai jamais rien ? Absolument pas. Si l’envie m’en prend, si l’envie en prend mon stylo, si l’envie nous en prend, vous verrez, vous nous verrez à l’œuvre. Nous ferons quelque chose, vous ne pouvez même pas imaginer quoi. Moi non plus, je ne peux pas l’imaginer ; je ne peux pas l’imaginer, parce que c’est inimaginable, ce que je ferai avec mon stylo. C’est proprement inimaginable. On ne peut pas s’en faire une idée. Avec la meilleure volonté du monde, on ne peut pas s’en faire une idée, sans mon stylo. »
〈 À propos 〉
« Mon prochain livre aura tellement de sens différents, dans tous les sens du sens, que c’est plutôt mon prochain livres. »
L’auteur du livres
« Il n’y a donc pas de quatrième de couverture, mais il n’y a pas non plus le nom de l’auteur, ni sur la couverture, ni à l’intérieur. On va sûrement me demander pourquoi, puisque, au moins sur un plan juridique, j’en suis bien l’auteur, et que je ne prends pas la peine de m’en cacher. Les raisons principales de cette omission, je ne les dirai pas : le livre les dira très bien sans moi, je crois. D’ailleurs je crois qu’il y a plein de raisons de ne pas mettre le nom de l’auteur sur une couverture. De nombreux livres gagneraient à paraître sans nom d’auteur. Tous, peut-être. L’auteur, c’est rien du tout. Je crois très peu à son autorité. Le livre est souvent au moins autant l’auteur de son auteur que son auteur n’est l’auteur du livre. Relisez ça. Et, en tant que lecteur – je suis aussi lecteur –, il me semble que le nom de l’auteur, très souvent, pollue ma lecture.
Je n’aime pas tellement les développements sociologiques, aussi vais-je essayer de m’en abstenir, mais il me semble aussi que notre époque aurait tout à gagner dans l’effacement du nom, l’effacement de la personne, au profit de l’œuvre, artistique ou non, au profit des idées.
Comment ça, je « nage contre le sens du courant » ? »
L’auteur du livres
Le Matricule des anges Guillaume Contré
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Jouissive embrouille
À une époque où pour être « bancable » il faut cultiver l’ego à outrance et surabuser de mises en scène médiatiques, voici donc un livre qui paraît sans nom d’auteur. Coquetterie ? Subterfuge pour attirer justement l’attention ? Si c’est le cas, cela fait partie du projet d’ensemble – à savoir ce qu’implique et signifie l’acte d’écrire, le questionnement inéluctable sur l’apparition-disparition qu’il soulève, et ce que recouvre la fiction, qui « peut être mensongère ». Car l’écrivain peut « sciemment » écrire « quelque chose qui n’est pas vrai ». Et dans ce cas, « on ne va plus pouvoir faire confiance à ce qui est écrit ». Voilà bien le défi. La traversée des mots en funambule, alors même que nul n’est certain de la présence ou pas du fil sur lequel l’on est en train de marcher. Le stylo nous sert ou pas à progresser au-dessus du vide. Et l’on comprendra mieux sa présence (en tant que pouvoir) ou son absence (en tant que doute) dans le rapport au réel qui n’est que fiction, à moins que ce ne soit l’inverse.
« Écrire, c’est presque rien » – et dans ce « presque » coexistent toutes les impasses et toutes les possibilités de partir : « Avec mon stylo je pars quand je veux, je pars si je veux, je pars sans rien faire, tout simplement parce que j’ai mon stylo. » Sauf que sans son stylo – que sait-on de cette disparition ? –, il faudra s’attendre à quelque inquiétude : une « embrouille » dont le lecteur se laissera surprendre en vérité (« l’encre sympathique ne l’est pas tant que ça ») car ici pas question d’« écrire faux comme écrivent tous les écrivains ».
Pour en savoir plus sur ce livre qu’il est impératif d’acquérir (s’y sustenter dé-con-gestionne), j’ai demandé à celui qui me l’a offert de bien vouloir vous en dévoiler quelques aspects. Lire l’entretien →
Martine Roffinella Sous le pavé la plume
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Librairie Durance Pierre Barrault
« Deux titres pour un seul livre, deux titres au parallélisme énigmatique, voilà qui est de bon augure ! On flaire d’emblée qu’il va y avoir du jeu, du jeu dans l’écriture.
Et c’est bel et bien le cas. D’abord, le livre est conçu comme une pièce de monnaie. Face, une couverture bleu marine et le premier titre : « Avec mon stylo ». Pile, une couverture bleu clair et le second titre : « Sans son stylo ». À moins que ce ne soit l’inverse. Face : « Sans son stylo ». Pile : « Avec mon stylo ». À chaque lecteur de s’amuser à faire son choix. (…) Ce sont ces deux histoires que nous lisons, l’une pouvant se lire avant l’autre et inversement. De toute façon, le livre est si habilement construit et si riche, si passionnant que sitôt fermé d’un côté, on a envie de le rouvrir de l’autre. Pile, face, face, pile. On ne s’arrêterait plus.
Car c’est un livre rare. Précieux. Un livre qui a su faire du travail de l’écriture deux remarquables fictions sur la perte. » → Lire l’intégralité de l’article
Encres vagabondes Isabelle Rossignol
« Deux textes présentés tête-bêche. Sans nom d’auteur sur la couverture. Deux fictions différentes qui ont pour point commun un stylo. En avoir un à soi ou pas. L’enjeu est crucial. Et a d’autant plus d’importance que celui qui s’exprime ici vit et écrit avec son stylo (le sien, unique, irremplaçable). Et n’est plus du tout lui-même quand il ne l’a plus.
Aux lecteurs / lectrices de choisir par quel texte débuter. Sans son stylo paraît une bonne option. L’écrivain n’a plus son outil de travail et se demande comment raconter la disparition du stylo sans l’utiliser. C’est compliqué. Quelques éléments sortis du théâtre de l’Absurde entrent en scène. Il doit jongler avec. Et se dédoubler. Être tantôt celui qui entame un récit avec décor familier et personnages inventés et tantôt l’autre, celui qui tâtonne faute de stylo, s’embarquant dans d’étranges situations. Le voilà, par exemple, en train de monter dans un arbre fantôme.
« Il a retrouvé l’arbre qui n’existe pas : il est dessus. Il est bien installé à califourchon sur une branche solide. »
Pas facile de vivre (et d’écrire) sans son stylo. C’est ce que démontre ici, avec l’esprit facétieux qui l’anime, Philippe Annocque dont on reconnaît aisément la patte, l’humour pince-sans-rire, le plaisir pris à créer des situations improbables et à pousser le bouchon toujours un peu plus loin.
Avec mon stylo, c’est une autre histoire. La magie est là. L’arme secrète vibre et rien ne peut résister à l’adversité. Le stylo est la clé qui ouvre toutes les portes. Finis les jours sans fin, passés à se lamenter, à courber l’échine, à travailler dur, à faire semblant.
« Je me sens dans une forme que personne d’autre que moi ne connaîtra jamais. Car pour connaître cette forme il faut posséder mon stylo, autrement dit il faut être moi, puisque c’est moi qui possède mon stylo. Comment en effet posséder mon stylo sans être moi ? »
Le stylo, objet usuel, pratique, quotidien, souvent relié à la main de l’homme et parfois même à son cerveau, est ici remarquablement mis à l’honneur, Philippe Annocque n’hésitant pas à le propulser en personnage central et déterminant d’un livre subtil et détonnant. »
Jacques Josse écrivain
« … qui est le narrateur ? Un double de l’auteur à la première personne ou un personnage imaginaire ? Le sait-il lui-même ? Est-il atteint d’hallucinations ou de pertes de mémoire quand divers objets disparaissent (ou bien n’ont peut-être jamais existé) : son stylo avant tout, mais aussi un château d’eau, un arbre, sa femme… ?
Si ce n’est pas très clair, cela ne l’empêche pas d’écrire de façon limpide, par circonvolutions pour mieux illustrer ses obsessions. Il réfléchit beaucoup à sa façon d’écrire, avec ou sans stylo, et se soucie — avec ironie — de ne pas perdre les lecteurs, malgré le récit labyrinthique, les mises en abîmes et sa distance avec la réalité. Mais la fiction n’est-elle pas à opposer à la réalité ?
Si ce livre est un audacieux OLNI (objet littéraire non identifié), perturbant, déroutant et plein d’humour (où l’éditeur non moins audacieux a joué le jeu), le texte tient tout de même en haleine car on a tendance à chercher des indices, à vouloir percer les mystères de ce livre où tout est, à la fois, double et en creux, à prendre dans tous les sens. »
lavistextueldemariem.blogspot.com lire l’article
« D’emblée en librairie c’est un volume tête-bêche.
˙ǝɹʌıן ǝן ʇıɐןqɯǝssǝɹ ıonb à ɹǝɹébbns ɹnod sǝɔnʇsɐ’p éןqnopǝɹ ʇuɐʎɐ ɹnǝʇıpé’ן ‘xnɐıɔos xnɐǝséɹ sǝן ɹns sɐd sıɐɯ ǝɥɔêq-ǝʇêʇ ǝɯnןoʌ un ʇsǝ’ɔ ǝıɹıɐɹqıן uǝ
Le mot tête-bêche est parfait : un circonflexe de chaque côté du trait d’union. Un peu comme ce volume, ou ce livre ou cet ouvrage : dans un sens, on lit sans son stylo et dans l’autre avec mon stylo.
Il n’y a pas de pagination, mais sans son stylo « fait » 80 pages, tandis qu’avec mon stylo n’en fait « que » 72. Le nom de l’auteur n’apparaît nulle part mais il paraît – merci le paraîtexte – que c’est Philippe Annocque. Ce serait bien son genre. Avec son genre.
On ne va pas vous raconter ce que racontent ces deux récits qui n’en forment qu’un seul ; enfin, on va peut-être vous le raconter. Comptez pas sur moi.
Si : c’est un livre répétitif. C’est un livre un peu répétitif. C’est un livre répétitif. C’est un livre à peine répétitif. C’est un livre répétitif. C’est un livre passablement répétitif. Il paraît que c’est un livre répétitif. Un jazzman allemand — mais il est mort — m’a suggéré que c’était un livre répétitititititititititif.
C’est un livre répétitif. Et en même temps c’est un livre diffracté. Je, il, on, son, mon. Un livre de pronoms et de prépositions.
Il paraît que je pourrais multiplier les paragraphes à faire le malin comme ça mais ça n’a aucun intérêt donc je vais plutôt vous dire comment j’ai lu ce livre. J’ai commencé par lire un petit tiers de avec mon stylo, puis j’ai lu les 8 ou 10 premières pages de sans son stylo. Puis, j’ai alterné un peu avant de finir avec mon stylo d’une traite – ce n’est pas « d’une traite » puisque tu es en train d’expliquer que tu l’as lu en plusieurs fois – puis de lire sans son stylo jusqu’au dénouement.
Peut-on dénouer les pronoms ? Pourrai-je dénouer cette absence de stylo – vu qu’on j’écrits au clavier.
Qu’importe. Allez lire, avec vos yeux et sans mes yeux. Si vous choisissez de lire à tour de rôle une page de chacun des deux textes, prenez d’ores et déjà rendez-vous avec votre médecin, car la tendinite vous guette. »
Guillaume Cingal Touraine Sereine
God save our Inks !
Côté Sans son stylo : plonger dans cette face d’ouvrage, c’est expérimenter l’acceptation de l’abandon, recevoir la lecture telle qu’elle vient des mots délibérément libérés, observer la formation des vagues ainsi formées, suivre avec fascination la marée, sentir l’énergie relayant le reflux d’une autre.
Ces vagues de mots figurent, comme il se doit, un océan.
La lecture, d’abord circonspecte, devient vite observation souriante puis franche immersion.
Plouf ! (au début l’eau fait frissonner mais une fois dedans elle est bonne)
Sortir de la baignade avec regret.
Côté Avec mon stylo : branle-bas de paysage, la lecture caracole là sur un rythme primesautier. L’écriture se fait guillerette, semble suivre enjouée un cours d’eau sous un soleil printanier. (Cui Cui)
La tentative de la disparition de l’auteur — à commencer par l’absence de son nom en couverture, dans la liste de ses précédentes publications, et de 4e de couverture — est jouissive à suivre.
Une bonne douzaine d’éclats de rire ont retenti, mais qui compte ?
L’effacement de l’auteur n’est pas une astuce, ou disons un procédé, mais bien le fonds de l’affaire.
C’est un vieux et toujours vif débat que l’auteur et son stylo enrichissent là magnifiquement par un témoignage empirique, une démonstration qui se déroule à la lecture, par cet aboutissement littéraire (et conceptuel et poétique et drolatique et émouvant).
« L’encre sympathique ne l’est pas tant que ça. »
Peu importe, c’est toujours de l’encre, et l’encre l’emporterait sur l’auteur. En principe. Sur le papier.
L’auteur expérimente, au fil de l’eau, les limites de sa disparition : « comment […] posséder mon stylo sans être moi ? », et la fragilité de la toute-puissance du stylo : « Peut-être faudrait-il que vous aussi vous ayez mon stylo pour comprendre ? ».
Pour concéder peut-être qu’auteur et stylo sont indissociables, voire s’en réjouir : « Mon stylo a fait disparaître celui que j’étais avant de l’avoir », « Je suis lesté par mon stylo », non sans dérision de ce que peut bien vouloir dire, aux yeux du monde et aux siens, d’« avoir son stylo ».
« Mais bon, vous ne savez pas, vous ne pouvez pas savoir, vous n’avez pas mon stylo ».
Mon stylo tambourine à la porte de l’auteur pour imprimer mes remerciements enthousiastes.
Une relecture apportera certainement une autre expérience, d’autres (compte) rendus, ou alimentera « les mots que [je n’ai] pas écrits ».
Mais bon, vous ne savez pas, vous ne pouvez pas savoir, vous n’avez pas mes lunettes.
Absolut_Jan
« Dans ce curieux livre réversible, l’auteur s’amuse à se cacher derrière l’omniprésence et/ou l’entêtante absence de son stylo comme artefact, sceptique pour ne pas dire douteux, de ce qu’aujourd’hui pourrait, dans sa banalité et son quotidien, un écrivain. Avec mon stylo, sans son stylo se révèle une suite ludique de variations dans lesquelles Philippe Annocque repousse les virtualités du récit. » → Lire l’intégralité de l’article
La viduité
Le travail formidable de Guénaël Boutouillet pour faire découvrir les textes qu’il aime aux bibliothécaires, aux étudiants, aux organisateurs de festivals… Ici le choix de sa rentrée littéraire hiver 2024 pour son programme Rentrez !
S’il est un lecteur d’une grande finesse, qui parle admirablement des livres, l’homme n’est pas facile à suivre dans ses déplacements, alors pour savoir où il se trouve et se trouvera, il est préférable de se reporter à sa page https://www.facebook.com/boutouillet.guenael