144 pages / 17 € / Format : 13 x 20 cm / ISBN 979-10-95434-37-5
Paru le 11 janvier 2022
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« Le chant d’une vie consumée »
« Une expérience narrative captivante »
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〈 Le livre 〉
Tous les matins, avant l’aube, une femme sort d’une maison de cantonnier, parcourt douze kilomètres sur une voie ferrée désaffectée et se couche juste après le tournant trop serré, en attendant le train « qui fera tomber sa tête en bas de la digue, dans le fleuve ». Tous les matins, un homme, son nuage d’expiations amères tenu en laisse, parcourt ces mêmes douze kilomètres pour ramener sa femme à la maison.
Sept jours durant, face au regard morne d’Elisa, dans un monologue rythmé, obsessionnel, envoûtant, Augusto dévoile progressivement les fantômes de son passé, laissant apparaître ses secrets, ses failles, ses culpabilités. Le chant d’une vie consumée, la litanie d’une tragédie familiale aux accents bibliques, l’histoire d’une damnation, une allégorie du dernier siècle de l’Italie, et aussi, peut-être, un manuel de résistance pour devenir braconniers, clandestins de la pensée à l’heure de la banalité.
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〈 Extrait 〉
« Le tournant, je n’ai pas peur, c’est tous les matins pareil depuis trop de matins, je marche sur la voie en évitant de poser les pieds sur les cailloux, je prends le tournant, je le dépasse, je la rejoins, couchée par terre ou vingt centimètres au-dessus, je l’enjambe, je m’assieds sur un rail, les pieds sur l’autre, sors une cigarette et l’allume, ce matin comme tous les matins. Elle a une saveur de goudron et me brûle le nez, tout en haut du nez, je me dis que je n’ai rien mangé ce matin et pas beaucoup hier soir, la cigarette m’écœure, c’est pour ça que je la fume, me dis-je, assis sur le rail à côté d’Elisa couchée sur le rail, qui attend que le train fasse tomber sa tête en bas de la digue, dans le fleuve, j’aspire, évidemment elle ne bouge pas, comme si je n’étais pas là, comme si je n’existais pas : un Canadair est passé, dis-je. Je n’attends pas de réponse, cela va de soi, je ne me tourne même pas et ne manifeste aucun agacement, je fume tranquillement assis sur un rail, les pieds sur l’autre, ma cigarette à la main, non, je n’attends plus de réponse, je n’attends ni réaction ni de commentaire, je réfléchis, la fumée dans le nez. »
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〈 À propos 〉
« Sacré petit bout de livre que voilà. Braconniers a tout pour nous plaire : des ressentiments amers, de tragiques regrets, une parole qui évolue en boucle jusqu’à se mordre la queue, des éclosions acides à travers une logorrhée qui semble défier le temps et les âges. Braconniers nous fait marcher avec son héros, ses douze kilomètres matinaux, son nuage d’expiations tenu en laisse, pour aller chercher sa femme couchée sur une voie ferrée désaffectée, en attendant que le train fasse rouler sa tête en bas de la digue, dans le fleuve. Pas gaie cette histoire. Mais la langue de tourner, gratter, ronger, corroder l’histoire tragique d’un homme, de son couple, de son pays. La traduction de Laura Brignon est savoureuse.
Un récit dur, on en convient, mais ô combien maîtrisé, qui vient s’incruster dans chacun de nos pores pour y déverser son venin. Comme tout récit habité par la répétition, la rupture guette et quand elle frappe chez Cinquegrani c’est pour mieux percer à jour les liens éternels qui existent entre des individus meurtris, ayant oublié comment s’aimer.
Son héros se permet même d’évoquer l’immense Magnolia de Paul Thomas Anderson. »
Librairie FracasLorient
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« … un roman d’une incroyable maîtrise, d’une puissance narrative à couper le souffle. »
« Ce premier roman, à la lisière de la réalité, de la folie et du fantastique, à la croisée de la tragédie individuelle, du mythe et de l’histoire italienne est un texte glaçant et fascinant sur le bien, le mal et la culpabilité. Difficile de résister au souffle puissant de ce texte dérangeant à l’écriture envoûtante. Si ce livre, remarquablement traduit par Laura Brignon, n’est pas vraiment une lecture de vacances, il infuse lentement, questionne, chamboule, s’imprime en nous et offre une expérience rare et singulière d’immersion et de submersion. Un livre hors du commun qui révèle un écrivain à suivre. » → Lire l’intégralité de l’article
encres-vagabondes.com
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« Au-delà d’une histoire familiale qui n’a rien à envier à la plus hallucinée des tragédies antiques, c’est avec son écriture que ce texte nous atteint. Alessandro Cinquegrani nous faire pénétrer avec subtilité dans la conscience du narrateur, et nous oblige à regarder en face les monstruosités qui logent dans les âmes damnées. Le texte comme une scansion se répète à l’envi, cherche, se perd en autant de flux de conscience bouillonnants et destructeurs. Il nous rappelle que nos voix intérieures n’ont rien de ces phrases bien construites ou de ces enchaînements rationnels ; En nous les pensées jaillissent sans contrôle, s’évitent pour mieux s’affronter plus loin. Nos obsessions sont d’insupportables fragments qui cognent aux parois de nos cerveaux malades, et nous tentons inexorablement de nous raconter autrement nos vies afin de parvenir à faire tenir ensemble ruines et impasses. Mais de la même manière qu’Augusto désespère d’échapper au temps qui, comme la poussière, sédimente sans fin, de même il ne pourra échapper à ce qu’il a été, à ce qu’il a laissé, par lâcheté et passivité, advenir. Le métier de vivre est un « sale métier » dit-il. Il lui faudra pourtant le faire ad nauseam, jusqu’au déluge, voire peut-être au-delà… »
Cécile Douyère-CoralloLibrairie (volante) À travers le miroir
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« Découvrir cet étonnant et prodigieux roman, long monologue obsessionnel au cours duquel se dévoile une profonde tragédie hantée par les fantômes du passé et la violence familiale…
Un rythme incandescent, et quelle puissance !!! »
Librairie Calligrammes La Rochelle
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« Il est des romans qu’on aurait aimé écrire soi-même. Braconniers (Cacciatori di frodo) d’Alessandro Cinquegrani en fait partie. C’est une langue en forme de toboggan : impossible de s’arrêter de lire. On glisse avec les phrases, fasciné par ce qu’on découvre et la façon dont on le découvre. C’est d’une beauté, d’une puissance ! C’est aussi un premier roman. È un capilovoro affascinante ! Abbiamo trovato il nostro padrone ! »
Grégory Le Floch écrivain
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« Dans ce roman oppressant où les angoisses ressassées gravitent autour des personnages, Alessandro Cinquegrani prouve que toutes les tensions tragiques d’une vie et d’un pays peuvent être rendues par l’écriture, capable de tétaniser et transcrire le désespoir. »
Librairie Le Silence de la merVannes
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Anne-Lise Remacle Focus Vif / L’Express Belgique
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« Glaçante spirale de l’homme qui marche récupérer sa femme au suicide quotidien, glaçante, nerveuse et gênante parfois. Un tourbillon de révélations troubles, de violence marquée, à chaque chapitre un élément supplémentaire qui vient couronner ce que l’on pensait déjà terminé. Écrit comme une logorrhée faite de répétitions, une scansion de dents de scie, un rythme qui ne te laisse en tant que lecteur, à peine l’espace de respirer, Braconniers prend aux tripes et suspend le temps et l’espace. Métaphore virtuose de l’engagement, des terreurs enfantines, des douleurs passées qui réveillent de sales demons en soi et en les autres. Braconniers est un texte d’une force assez inouïe, imprévisible et vibrante. »
Librairie Decitre Grenoble Fabien Bernier
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« Braconniers est une fuite en avant exprimée comme un cri qui raconte les failles et les secrets d’une famille dysfonctionnelle. Un texte singulier et envoûtant qui remue jusqu’à l’obsession et questionne habilement l’histoire de l’Italie. »
Librairie L’Usage du papier Trouville-sur-mer
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« Ce roman est vraiment formidable ! Je l’ai lu d’une traite… »
Jacques Van Schoor traducteur
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Librairie Le Marque Page St-Marcellin
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« Litanie crépusculaire, logorrhée infernale hantée par la faute, Braconniers nous entraîne à la suite d’Augusto, qui parcourt, chaque jour inlassablement, douze kilomètres de voies ferrées pour récupérer sa femme qui se couche, chaque jour inlassablement, sur les rails en attendant que le train passe.
Plus qu’à sa suite, c’est accroché•e à sa pensée circulaire que l’on avance, dans ce qui se révèle être un champ de bataille intérieur, un tourbillon d’expiations amères, traînées comme on tirerait un cargo avec les dents depuis le rivage. Récit sourd et incommunicable, chargé de l’histoire italienne du siècle passé, des fautes personnelles, des mythes éternels, l’œuvre d’Alessandro Cinquegrani expurge, régurgite par la force d’une écriture qui délivre tout en restant captive. La vérité y sourd progressivement, presque mécaniquement, dans le flot continuel d’une parole qui loin de se tarir gonfle, gonfle, gonfle jusqu’à l’abdication.
On est le 6 janvier 2022 et les éditions do ne lâchent rien, construisant pierre après pierre un catalogue absolument impeccable, vif et toujours surprenant. »
Librairie Myriagone Angers
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Coup de cœur de la librairie Le Square Grenoble
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« D’un point de vue narratif, il y a bien quelque chose d’Ulysse (qui fête, à deux jours près, ses 100 ans) dans Braconniers. Car en recourant comme James Joyce au stream of consciousness, Alessandro Cinquegrani fait preuve, pour un premier roman, d’un incroyable souffle romanesque. »
Llibrairie L’Atelier Paris 20e
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« Des peines à foison
Le narrateur de ce roman, un homme dans la quarantaine, naguère entrepreneur prospère, s’est retiré dans une maison abandonnée au bord du Piave, avec sa femme mutique et suicidaire. Tous les matins, il fait douze kilomètres à pied pour la récupérer à l’endroit où elle se couche sur les rails du chemin de fer, ignorant probablement que cette voie est désaffectée.
Il se rappelle, en variations sur le même thème, certains épisodes de son histoire familiale, qui conduisent par moments à des révélations, toujours plus douloureuses…
Le texte a pour principal atout son écriture rythmée et empreinte de poésie (la traductrice a fait un excellent travail). On apprécie beaucoup aussi l’ambiguïté constante au sujet du narrateur, dont on se demande s’il est simplement en état de détresse ou encore plus dérangé que sa femme : maints passages semblent relever du délire, et ils ne sont pas parmi les moins beaux.
En revanche, arrivé vers le milieu du récit, le lecteur risque de trouver outrancière l’accumulation de drames et de tragédies qui se poursuit presque sans discontinuer jusqu’à la fin de l’intrigue.
On peut trouver aussi malvenue l’idée d’associer le narrateur, son frère jumeau et leur père, chacun à un parti (ils représentent respectivement les démocrates chrétiens, les fascistes et les communistes), d’où résulte l’impression que l’auteur se sert de ses personnages pour délivrer un discours politique obsolète, dont on ne voit pas vraiment l’intérêt.
Cependant, ce n’est que le premier roman d’un auteur de talent, et l’on espère que les suivants lui permettront d’accomplir pleinement son potentiel. »
Agathe de Lastyns lelitteraire.com
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« Monologue oppressant — fluviale et ferroviaire — où la réalité tente d’être dénoncée, le passé de ressurgir, la vie de s’imposer dans une version presque acceptable. Par cette histoire d’un homme qui marche, accompagné de son nuage d’expiations trop amères tenu en laisse, Alessandro Cinquegrani laisse affleurer les gémellaires dédoublements de la réalité, toutes les paniques surtout de ce que l’on ne saurait dire. Un grand plaisir à braconner sur les terres de la culpabilité, sous les flots submersibles, possiblement menteurs, de l’honnêteté.
On est très content de découvrir un nouveau titre des éditions Do qui, une fois de plus (notamment après, entre autres, la très sombre magie du Vol de Bostjan de Florjan Lipus ou encore la noirceur historique du Roman du siècleou le très beau et drôle Demain s’annonce plus calmede l’indispensable Eduardo Berti) entraîne leur lecteur dans un monde singulier surtout par le rapport unique qu’il entretient à la langue. Profitons d’ailleurs de l’occasion pour déjouer les pronostics des pessimistes : dans ce temps de forte actualité éditoriale, avec un peu d’attention, on trouve aisément des livres à la langue d’une résistante densité, à l’écriture comme spéculation sur les fausses évidences, leurs versions arrangeantes où s’embourbent nos vies. »