Traduit du slovène par Andrée Lück Gaye & Marjeta Novak Kajzer
Postface de Peter Handke, prix Nobel de littérature, traduite de l’allemand (Autriche) par Pierre Deshusses
168 pages / 17 € / Format : 13 x 20 cm / ISBN 979-10-95434-34-4
Paru le 24 août 2021
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〈 Le livre 〉
Dans un village de Carinthie, au fond d’une vallée isolée, au pied des montagnes, la vie est dure, la terre peu fertile, les gens très pauvres et le travail l’unique but de leur vie. Dans cette communauté slovène, la société patriarcale est construite sur la hiérarchie et la tradition. Dans de telles conditions, l’existence est presque insupportable pour Boštjan. Le père parti à la guerre, sa mère et sa grand-mère restent son seul refuge. Mais les gendarmes viennent chercher la mère, qui disparaîtra dans un camp, puis la maladie emporte la grand-mère. Et quand le père revient du front, la vie du garçon ne s’améliore en rien.
Le Vol de Boštjan est le roman d’une enfance et d’une jeunesse marquées de manière indélébile par la perte. Pourtant Boštjan trouvera assez de force pour s’en sortir. Il se libérera de ses traumatismes et de ce milieu malsain grâce à la puissance et à l’intensité de son désir pour Lina. Ce sera alors la fin de la tristesse, il pourra enfin commencer à vivre.
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〈 À propos 〉
« Un livre, une année ? Je ferme les yeux et je le laisse apparaître… J’attends depuis deux minutes : Et le livre s’appelle Le Vol de Boštjan (Sébastien) de Florjan Lipuš, écrivain autrichien-slovène, 75 ans. C’est une histoire d’amour sauvage et tendre, entre deux jeunes orphelins, comme je n’en ai lu aucune dans ma vie, langage qui vole, qui rythme, qui cherche, qui traverse les frontières extérieures et intérieures (de l’être) au lieu de jouir avec des phrases, images et sujets préfabriqués comme la littérature internationale. »
Le Vol de Boštjan de Florjan Lipuš vient de paraître, après de longues années d’errance pour qu’une traduction française de ce texte en langue slovène voit le jour. Et c’est bien évidemment à la curiosité insatiable de l’éditeur que l’on doit de pouvoir lire enfin cette traduction sur laquelle planchaient depuis fort longtemps Andrée Lück Gaye et Marjeta Novak Kajzer.
Cernée par le désespoir, l’histoire de Boštjan, jeune garçon vivant au pied des montagnes, comme aux confins du monde, pendant et après la guerre, qui y perdra sa mère, puis sa grand-mère et vivra la violence des Hommes, celle qui entrave les libertés, empêche l’Amour, s’attache dans sa bigoterie à la bêtise, à la cruauté, au renoncement, cette histoire qui déchire le cœur se pare pourtant dans un élan inverse de la plus belle et plus pure histoire d’amour que l’on ait lu.
La langue de Florjan Lipuš est chargée de révolte, c’est un feu qui est là pour reprendre ce qu’on lui a volé, réduire les bassesses humaines à de la cendre. Amère mais pleine de vie, car s’y débattent la brusquerie, les espoirs, la colère, le sentiment d’injustice, les croyances, la tristesse infinie et, donc, l’Amour inconditionnel, immense qui peut tout transformer, illuminer.
Le Vol de Boštjan règle ses comptes, souffle la tempête à son tour, après avoir trop constaté comme l’innocence est toujours laminée, et ce vent rallume les braises de ce qu’il y a de plus beau, du feu qui abrite la vie. »
Andreas Lemaire Librairie Myriagone Angers
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« Le livre dans son entier joue en sourdine une musique aérienne ; tout y est, doute, interrogation, mais aussi alacrité. Roman à nul autre pareil, Le Vol de Boštjan laisse une impression à mi-chemin entre perturbation et invitation à un questionnement salutaire. » Lire l’article →
Linda Lê en-attendant-nadeau.fr
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« Il est superbe ! Une histoire d’amour rare. Dans un écrin majestueux de nature et de mémoire. »
Fabien BernierLibrairie Decitre Grenoble
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« Un livre unique comme il en n’est publié que rarement et difficile à résumer même si le roman est court. Alors voilà : Pendant la Seconde Guerre mondiale, un homme est confronté à la perte, la solitude mais surtout il tombe amoureux et apprend enfin à vivre mais ce n’est pas tout… Sublime. »
Librairie Le Square Grenoble
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« Merveilleux récit de l’amour, de l’exil. Dans une langue unique, belle et mystérieuse, Florjan Lipuš restitue, dans l’insistance d’un temps cyclique, les déracinements de l’enfance, ses croyances démoniaques, ses magies impuissantes face à l’horreur de l’instant. Court récit hypnotique, souvent dans une confusion onirique, un chemin de travers spirituel peut-être, Le Vol de Boštjan, comme toute œuvre de révolte, est aussi préservation de l’enchantement.
Un livre qui vous remet à votre place voilà ce qu’est Le Vol de Boštjan dont l’enjeu essentiel est de trouver son chemin, sa voyette. On l’aura compris à l’emploi de ce terme un peu rare (un sentier d’usage qui coupe à travers champs), l’immersion proposée par ce roman d’une très accomplie densité, est aussi sémantique. Une approche superficielle ferait de ce grand roman un adieu au monde enfuit de la paysannerie de la Carinthie.
L’auteur délicieusement dépayse donc d’abord par son inscription sémantique dans le paysage. Au détour de ses phrases d’un équilibre mystérieux, Florjan Lipuš donne, littéralement, du relief à ses évocations. Il nous parle, par exemple, de graben et ce point de vocabulaire anecdotique devient le chemin même que le lecteur doit tracer dans le roman. Tout, au début du moins, reste à déduire dans ce livre où les sensations sont envahissante magie. On pourrait dire, pour qualifier superficiellement le charme du style singulier de l’auteur, que sa phrase mime cet envahissement naturel, en déploie aussi l’importance collective. » Lire la suite de l’article →
La viduité
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Charif Majdalani L’Orient le jour 3 février 2022
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« Il s’agit d’un roman slovène, mais du slovène qu’une minorité linguistique parle encore dans le sud de la Carinthie, en Autriche. Et si ce roman de Florjan Lipuš nous parvient, c’est probablement grâce à l’engouement pour ce roman de Peter Handke, prix Nobel de littérature, et originaire de cette même région.
Boštjan est un petit garçon qui a vu sa mère arrêtée par le policier du village, pour être déportée. Peu de temps après, c’est sa grand-mère, véritable babouchka comme on en trouve dans les contes russes, qui décède, et l’enfant se retrouve seul dans la petite maison isolée en bord de forêt. Quelque temps après, son père revient du front où il était soldat. Mais c’est un ogre, une brute qui bat l’enfant et le fait travailler comme un forçat. Son seul refuge, c’est le souvenir de la douceur perdue, l’odeur du pain que cuisait sa mère, les histoires de mauvais génies de la forêt que lui racontait sa grand-mère. Cela tisse une sorte de toile sous laquelle cacher le chagrin, une trame qui tient serré les jours difficiles. Mais cela donne aussi des pages somptueuses dans laquelle l’enfant raconte son quotidien comme un conte cruel et enchanté.
C’est une écriture qui nie la crudité du réalisme pour la transfigurer en une matière littéraire. La solitude blessée de l’enfant se déploie comme un sortilège, comme une cantilène qui fait tenir Bostjan toute la semaine dans la perspective du dimanche. Parce que le dimanche, dans la petite église sombre et fruste – autant que le sont les paysans brutaux de ce village – il entrevoit Lina, et ses longs cheveux sous son foulard. Et quand il la croise sur le chemin du moulin, elle n’est que grâce, lumière et chanson. Et le récit serpente au-devant de cette promesse, de cet amour d’adolescent qui sait que là est la porte qui le fera sortir du trou dans lequel le chagrin l’a plongé.
On est ébloui par cette langue chatoyante, colorée comme les peintures naïves paysannes, imagée et en même temps d’une musicalité parfaite, ondoyante, ourlée de la noirceur des hommes et de la menace de la forêt de l’oubli. Il n’y a pas un gramme d’épanchement dans ce roman, tout est retenu pour ne laisser se déployer que la beauté de la nature et de cet amour naissant qui perce les ombres comme un rayon soleil.
C’est bouleversant de beauté et c’est merveilleusement traduit, dans une langue pleine de saveur qui conserve, en français, le charme du dialecte et des mots oubliés. »
Chronique de Sophie Creuz Librairie Grafitti Waterloo donnée sur rtbf
« Cela fait longtemps que je n’ai pas lu quelque chose comme ça, d’aussi dense et léger en même temps, je trouve que Florjan Lipuš a un don pour protéger une part d’innocence (liée à son narrateur, probablement) tout en dépliant le temps par ce mouvementà la fois mental et sensuel. Merci encore. »
Paul Aymé Librairie Le Silence de la mer Vannes
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« Jamais quinze premières pages n’auront autant pétri notre petit cœur comme celles du Vol de Boštjan, traduit pour cette rentrée littéraire par les éditions do, 18 ans après sa sortie. Si l’on pourrait résumer le livre comme une histoire d’amour en temps de guerre, il est plutôt question d’un portrait, celui de Boštjan : jeune garçon dont la mère a été enlevée à son foyer durant la seconde guerre mondiale, au père strict, parangon d’une communauté (qui n’oublie cependant pas d’être hypocrite) dont le quotidien est façonné par le travail rural, la peur d’un Dieu tout puissant et omniscient, et les célébrations que ce même Dieu leur dépose sur leur chemin de vie misérable.
La plume de Florjan Lipuš, magnifiquement traduite par Andrée Lück Gaye et Marjeta Novak Kajzer, est légère, empreint d’une extrême sensibilité, comme une brise qui souffle entre des mots choisis, soupesés, triés, puis semés sur des phrases-sentiers qui, comme les voyettes du récit, virent de droite et de gauche, déroulant un souffle poétique qui pénètre nos artères, nos poumons et nous chamboule pour toujours, même dans la pire des tempêtes, au cours de la pire des séparations.
Un livre qui bouscule, berce, étonne, mais avant tout nous submerge littéralement sous la puissance évocatrice de ses mots. Il faut lire Le Vol de Boštjan. On attendait de le recevoir de nouveau chez nous pour venir vous le crier sur tous les toits et on ne va pas s’arrêter de sitôt ! »
Librairie Fracas Lorient
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Sud Ouest dimanche 19 septembre 2021
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« Il existe des millions d’expériences individuelles de l’amour, de la perte, de la violence, de l’enfance. Dans la vallée rude et appauvrie de Carinthie autrichienne dans laquelle se situe Le Vol de Boštjan, à l’époque qui est celle du roman (la fin de la Seconde Guerre mondiale et les années suivantes), ces expériences ont dû aussi se compter par grosses grappes de voix, désormais oubliées. Ce n’est qu’à une seule – qui est en bonne partie la sienne – que donne corps l’écrivain slovène de Carinthie Florjan Lipuš (1937 – ), dans ce roman de 2003, publié en français aux éditions do dans la traduction d’Andrée Lück Gaye et Marjeta Novak Kajzer.
Ce n’est pas, ici, l’enfant devenu grand qui raconte, mais l’écrivain qui se penche à nouveau sur ses années d’enfance pour en extraire le matériau d’une œuvre littéraire caractérisée par un style incomparable, dont Peter Handke donne peut-être la définition la plus juste lorsqu’il le décrit dans sa postface comme la « métamorphose des événements en rythmes et en images ».