dans l’attente que se produise un Événement extraordinaire
(Titre original : Malacqua
Quattro giorni di Pioggia nella città di Napoli
in attesa che si verifichi un Accadimento straordinario)
traduit de l’italien par Lise Chapuis
ITALIE
Paru le 8 novembre 2018
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Nicola Pugliese est né à Milan en 1944, mais a vécu presque toute sa vie à Naples. Journaliste, comme son père, il signe pendant de longues années dans Roma, titre appartenant à l’époque à Achille Lauro. Dans un premier temps à la rédaction « Intérieur », puis à la rubrique « Spectacles » et enfin comme chef du service « Culture ».
En 1977, découvert par Italo Calvino, il publie dans la collection « Supercoralli » de la maison d’édition Einaudi son premier roman, Malacqua. Un épisode survenu avant la sortie du livre laisse entrevoir le caractère vindicatif de Nicola Pugliese : Italo Calvino avait beaucoup apprécié le travail de ce débutant de trente-trois ans, mais lui conseillait de modifier le premier chapitre, convaincu qu’il manquait de rythme. Une simple suggestion, à laquelle il lui fut sèchement répondu : « Ou vous le publiez tel quel ou vous me le renvoyez. » Le risque était grand, mais pour sauver le chef-d’œuvre, comparable pour l’intensité du récit et pour l’originalité de l’écriture à Blessé à mort de Raffaele La Capria (roman publié en 1961, que beaucoup considèrent comme l’un des livres majeurs de la littérature italienne de la deuxième moitié du XXe siècle. Traduit de l’italien par Vincent d’Orlando. Ed. de L’Inventaire) c’est Giulio Einaudi lui-même qui entra en lice et déclara à Calvino : « On le publie ».
Dans le courant des années 80, Pugliese se retire de la vie publique pour vivre à Avella, une bourgade de la province d’Avellino.
En 2008, une petite maison d’édition napolitaine, La compagnia dei trovatori, publie néanmoins son second livre, La nave nera [Le bateau noir], un recueil de récits de tonalité kafkaïenne, présenté par Nando Vitali.
Nicola Pugliese s’est toujours montré sceptique quant à la possiblité de faire réimprimer Malacqua, comme le soulignait l’éditeur Tullio Pironti au cours d’un entretien donné à l’édition napolitaine de La Repubblica. Tullio Pironti qui, justement, a publié en 2013 une nouvelle édition.
Nicola Pugliese est mort à Mugnano del Cardinale, petit village de l’Irpinia, le 25 avril 2012, chez sa fille Alessandra, et il est enterré dans son village d’Avella.
Voir & écouter l’unique entretien donné par Nicola Pugliese au printemps 2011 à propos de son unique roman →Tutto il resto è Malacqua
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Propos de Nicolas Pugliese
Pluie « Dès la première vraie pluie à Naples, il se passe toujours quelque chose : des gouffres, des glissements de terrain, et les journaux m’envoient les journalistes, à cause du livre, comme si j’étais ministre des orages. »
Naples « Une ville immobile qui rejette tout, vindicative, et n’a toujours pas digéré le fait qu’elle n’est plus capitale. »
Malacqua « Je n’avais qu’un seul livre en tête, un seul roman, j’aime écrire des histoires. D’ailleurs, ils vous renvoient toujours à un seul tableau, ça ne vaut pas la peine de faire des efforts. Regardes Salinger, il sera toujours celui de Holden, pas celui des Nine Stories. »
Calvino « Mon frère Armando et Mimmo Caratelli ont lu le livre. Ils l’aimaient tous les deux. Mais ils m’aimaient, alors j’avais besoin d’un autre avis. Mon frère travaillait à l’adaptation théâtrale du Baron perché, je lui ai demandé s’il voulait transmettre le manuscrit à Italo Calvino. Qui l’a lu et a envoyé des observations. Il était Dieu le père pour moi, alors j’ai fait ce qu’il m’a demandé. Il a répondu par d’autres observations. Comme je suis d’un tempérament excessif, j’ai dit que je ne toucherai plus jamais le livre, qu’il était « à prendre ou à laisser ». »
Borges « Le livre a d’abord été publié dans la collection centopaginedirigée par Calvino, puis par Nuovi Coralli. Quand j’ai vu mon nom à côté de celui de Borges, je me suis dit : « Je peux mourir maintenant. »»
Le matin a de l’or dans sa bouche « Oui, je partage avec Joyce la scène de la barbe, très longue. Maintenant, j’utilise cette méticulosité du rasage et de la pensée : travailler avec la mémoire. »
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Extrait de Tutto il resto è Malacqua (La versione di Nick Pugliese), un film de Giuseppe Pesce
Documentaire de 24′ réalisé en 2012 à partir du seul entretien donné par l’écrivain.
Tutto il resto è Malacqua di Giuseppe Pesce raccoglie l’unica intervista rilasciata dallo scrittore Nicola Pugliese, scomparso nel 2012, autore di “Malacqua”, romanzo di culto pubblicato da Italo Calvino per Einaudi nel 1977 (ora ripubblicato da Pironti). Nato da un’idea di Peppe D’Avanzo e di Giuseppe Pesce, è stato realizzato con la collaborazione di Marco Catizone, riprese di Carlo M. Alfarano, montaggio di Valerio D’Ambrosio.
Nei 24 minuti del film Nicola Pugliese (1944-2012) parla con ironia del suo romanzo Malacqua e della vita che è andata come andata: come la storia di Napoli. Sulla sua voce, ironica e intelligente, tornano le immagini dimenticate – alcune mai viste – della notte di pioggia in cui sprofondò il Vomero nel 1969, e Del Giudizio universale di Vittorio de Sica. Da queste e da altre suggestioni nacque Malacqua, il suo piccolo capolavoro pubblicato per Einaudi nel 1977 grazie a Italo Calvino; sottotitolo: quattro giornate di pioggia nella città di Napoli in attesa che si verifichi un Accadimento straordinario.
Nell’intervista, Pugliese lancia diversi spunti di riflessione su una Napoli città «delle molte primavere alle quali non fa mai seguito l’estate»; ed esprime apprezzamento per l’impegno civile di Roberto Saviano, che dopo aver visto il documentario ha commentato: «È stupendo!».
Per il giornalista e scrittore Francesco Palmieri, invece, Tutto il resto è Malacqua «è un gioiello di immagini e parole che ricuce un pezzo di Napoli e della sua storia attraverso la figura di Nicola Pugliese. E’ documento ma è anche poesia. Redime certe colpe della memoria napoletana verso un capolavoro della letteratura. Ci fa sentire la voce di Pugliese. Commuove».