DENITZA BANTCHEVA
Visions d’elle
200 pages / 18 € / Format : 13 x 20 cm / ISBN 979-10-95434-31-3
FRANCE
Paru le 11 mars 2021
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< Le livre >
« Elle existerait près de moi, sur du papier, sous cette forme-là. Je m’en contenterais, me rappelant que cela tenait du miracle plus que tout autre écrit réussi. »
Très vite après la disparition brutale de sa mère, à Sofia, en Bulgarie, où elle était née et avait vécu, Denitza Bantcheva commence à retracer son parcours, persuadée que si sa fille unique n’écrivait rien sur Annie, « sa vie n’aurait en définitive aucun sens ». Elle en vient alors à confronter diverses visions d’elle — sous des angles qu’elle découvre parfois — qui composent le portrait d’un être rare, dont le destin témoigne cependant des épreuves les plus communes qu’on pouvait subir sous un régime totalitaire, comme au cours des années qui suivirent la chute du Mur de Berlin.
L’histoire familiale, l’histoire tout court et la réflexion sur le sens d’une existence s’entrelacent dans cet émouvant récit issu du deuil, et de l’amour d’une fille pour sa mère.
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< Extrait >
« La plus ancienne photo d’Annie ornait encore le buffet familial du temps de mon adolescence. On y voyait un bébé rond et rieur, aux yeux “noirs comme des olives”, selon le commentaire attendri que sa mère faisait toujours en montrant cette image. Sur d’autres clichés, elle rit dans les bras de ses parents ; Florence est rayonnante, quoique maigre et les traits creusés (depuis sa fausse couche, expliquait-elle) ; Dédé, menu et déjà chauve, s’abstient virilement de sourire, mais tout son aspect — visage, geste et posture — exprime le contentement. Ils n’auraient pas d’autres enfants : pauvres et sûrs de le rester, ils jugeaient immoral de procréer d’abondance (comme leurs parents l’avaient fait). Leur fille resterait unique pour grandir et vivre mieux qu’eux-mêmes. Ce choix leur donnait le sentiment d’être des personnes évoluées, qui allait de pair avec la vague conviction que les générations suivantes le seraient encore plus — car les parents d’Annie, ce couple de petites gens incultes, croyaient à leur manière au Progrès, le mythe de leur époque, tout aussi fermement qu’ils croyaient, par tradition ancestrale, que le sens de la vie, ce ne pouvait être rien d’autre que vivre, procréer et mourir content d’avoir des petits-enfants, voire — récompense suprême pour le devoir existentiel bien accompli — mourir en se réjouissant d’avoir pu bercer même les enfants de ses petits-enfants. »
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< A propos >
C’est un récit plutôt qu’une biographie : Visions d’elle a pour trame un récit personnel, intime, traversé néanmoins par l’histoire d’un pays, d’un régime… Une étude de l’intérieur du totalitarisme ordinaire. « Ma mère s’est suicidée le 5 mai 2002, vers quatre heures et demie de l’après-midi. Sur le balcon du septième étage, on a trouvé une chaise dont le dossier était appuyé contre le parapet, et les pantoufles qu’elle avait ôtées, bien alignées du côté gauche du siège.
» Le récit commence ainsi, clinique, comme une dépêche tombant sur le desk, une manière de mettre une distance vis-à-vis de l’inacceptable.
Le 23 octobre 2021, Denitza Bantcheva était l’invitée de Chroniques rebelles, sur Radio Libertaire.
« C’est l’une des choses que j’ai le plus de mal à admettre, qu’elle ait pu trouver qu’au fond ce n’était pas si grave que ça, le désastre qu’a été sa vie et le désastre qu’a été la vie de la plupart des autres gens qui étaient intelligents et doués, que le régime a détruits. (…) La grande majorité de ces gens ont été tués par le régime, souvent à petit feu, mais cela revient à être tué aussi (…) Et pour moi, c’est quelque chose d’absolument impardonnable, et je suis contente d’avoir pu survivre et d’avoir pu écrire au moins deux livres sur le sujet, l’un étant le roman La Traversée des Alpes, où je parle beaucoup de ces choses-là, et l’autre étant Visions d’elle. (…) Deux livres qui reviennent à faire comprendre ce qu’a été ce régime totalitaire, et comment ce régime a détruit des générations entières. C’est quelque chose que je trouve, non seulement objectivement parlant impardonnable, mais dont je suis absolument incapable de me consoler. » Denitza Bantcheva
Pour écouter l’intégralité de l’émission c’est ici →
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Sur le site lelitteraire.com, et après avoir consacré un bel article au livre (lire plus bas), Agathe de Lastyns s’entretient avec Denitza Bantcheva à propos de la genèse et de l’écriture de Visions d’elle.
lelitteraire.com : À la différence de vos romans et de vos autres fictions, ce livre est très personnel. Vous expliquez que vous avez voulu commencer à l’écrire après le suicide de votre mère. Pourriez-vous expliquer ce qui a déclenché le processus d’écriture ?
Denitza Bantcheva : C’était d’abord l’idée que je risquais de conserver d’elle un souvenir qui serait, au fil du temps, de plus en plus déformé (éloigné de sa réalité vivante) et lacunaire. L’idée d’écrire un récit à son sujet s’est imposée à moi avant même que je n’arrive à Sofia où je devais m’occuper de ses obsèques. Une fois sur place, j’ai découvert que beaucoup d’autres gens – à commencer par ma grand-mère – avaient déjà commencé à relire sa vie de façon univoque, à partir de son suicide. Chaque cas de ce genre était comme une raison supplémentaire qui m’obligeait à me mettre au travail au plus vite. J’avais l’impression, d’une part, que le monde qu’elle venait de quitter se remplissait à une vitesse vertigineuse de fausses images d’elle, et d’autre part, qu’il n’y avait plus rien à faire pour elle que d’écrire ce livre où elle habiterait – si toutefois j’arrivais à le mener à bien, ce qui me paraissait assez peu probable.
Est-ce que le genre non fictionnel vous a posé des problèmes particuliers à l’écriture, à vous qui n’aviez écrit que de la fiction (si l’on excepte, bien sûr, vos ouvrages de cinéma) ?
C’est peu dire qu’il m’a posé des problèmes. J’étais convaincue d’être incapable de faire autre chose que de la fiction, en matière de récit. Je n’ai jamais pu, par exemple, entreprendre d’écrire une biographie, alors que j’avais les matériaux de base, notamment sur Jean-Pierre Melville. Mon esprit fonctionne naturellement sur le mode de la fiction : ce qui nourrit mon envie de narration, c’est justement la liberté de transformer et d’inventer. Je m’en étais rendu compte au milieu des années 1990, lorsque le poète Nikolaï Kantchev, qui était mon père spirituel, m’avait pour ainsi dire intimé d’écrire ce qui allait devenir La Traversée des Alpes, en disant : « Tu feras un livre sur tout ce que tu as dû traverser et endurer pour devenir un écrivain français. Demain, je quitte Paris, et tu te mets au travail tout de suite. » Il m’a fallu plusieurs années avant de pouvoir vraiment m’y mettre – chaque fois que j’essayais, je me retrouvais bloquée après avoir rédigé quelques pages mort-nées –, et ce qui a finalement levé le blocage, c’était l’idée subite qu’en fait, personne ne m’obligeait à faire autre chose que de la fiction, même si elle serait issue de choses vécues ou observées, et même si la protagoniste était censée être « moi ». S’agissant de l’histoire de ma mère, c’était encore pire : je n’avais pas le droit moral de faire de la fiction, ni la moindre envie, puisque je voulais la « conserver » à travers le livre. Je ne pouvais ni trouver un ton qui me paraisse juste, ni même savoir où j’allais, en prenant des notes, puisque je n’avais pas la liberté de développer telle ligne narrative comme bon me semblait.
Ce livre n’est pas un récit chronologique de la naissance à la mort de votre mère. Pourquoi ce choix et quels principes ont guidé la composition du texte ?
Au début (pendant trois, quatre, cinq ans), je n’ai fait que prendre des notes de façon désordonnée, tout en sachant que le récit ne serait pas chronologique – la narration linéaire me répugne, d’instinct et parce que je la perçois comme la plus artificielle qui soit. Personne ne vit de façon chronologique : à tout moment, le passé, le présent et nos projets pour l’avenir se mêlent dans notre esprit. La chronologie est tout juste bonne pour un curriculum vitae, à mon sens ; surtout pas pour un récit ne serait-ce qu’un peu approfondi. Il m’a fallu beaucoup de temps pour trouver la composition appropriée pour ce livre. Elle est basée en partie sur des « lignes de sens » (des épisodes narratifs qui s’enchaînent selon telle logique précise), en partie sur le principe des « découvertes » successives – à telle étape, je découvre telle chose ou il me vient telle idée inédite au sujet de ma mère -, et en partie sur des effets de contraste, par exemple entre deux moments assez éloignés de son histoire. C’est justement la construction très souple et variée du récit qui m’a permis de trouver assez d’intérêt au processus de son écriture, par comparaison avec la fiction. C’était la part de liberté et d’inventivité qu’il me fallait pour me stimuler, en l’occurrence.
Avez-vous dû faire des recherches sur la vie de votre mère, questionner des gens, ou vous êtes-vous appuyée uniquement sur ce que vous saviez déjà ?
Mon idée initiale, c’était d’écrire uniquement ce que je savais déjà d’elle. Or, il se trouve que des gens qui l’avaient connue m’en ont parlé spontanément, peu de temps après sa mort ou des années plus tard. J’ai incorporé au récit ce qu’ils m’ont dit. Il m’est aussi arrivé de faire, en feuilletant ses archives, une ou deux découvertes inattendues, que j’ai utilisées aussi. Mais la majeure partie du texte relève du témoignage : c’est ma mère telle que je l’ai connue et telle qu’elle s’était racontée en me faisant des confidences.
Il y a dans le livre une dimension très critique envers le système communiste. Quelle responsabilité attribuez-vous au régime dans le sort de votre mère ?
Je pense qu’elle a été minée par ce régime, comme on peut l’être par une longue maladie, à partir de ses seize ans, même si elle a résisté au processus de destruction avec beaucoup d’énergie, et même s’il y a eu des périodes où elle pouvait se sentir nettement mieux qu’auparavant. Elle n’aurait pas aimé être présentée comme une victime, et ce serait trop réducteur de limiter son sort à cela, mais il n’y avait tout simplement aucun moyen de rester indemne : toute personne appréciable de sa génération, que j’aie connue en Bulgarie (j’en parle à une certaine étape, dans le livre) a été empêchée de s’accomplir pleinement, si elle n’a pas été carrément réduite à rien, conduite au suicide ou à une autre sorte de mort prématurée. Le régime communiste, lorsqu’il dure presque un demi-siècle, comme en Europe de l’Est, ou davantage, comme en Russie, détruit, déforme ou empêche d’avoir le sort qu’ils méritent, sur plusieurs générations, tous ceux qui n’ont pas la tournure d’esprit requise par le totalitarisme. Il a besoin de « bons citoyens », autrement dit, de créatures soumises, qui ne pensent pas par elles-mêmes, qui mouchardent, qui marchent sur autrui et qui mentent comme elles respirent, y compris dans leur for intérieur. Le nazisme n’a pas eu le temps de pousser assez loin ce type de « rééducation » de l’humain ; le communisme, si.
Est-ce que vous pensez que ce livre consacré à votre mère vous a permis d’une certaine manière, si ce n’est de mieux la connaître ou la comprendre, du moins de préserver ce qu’il vous tenait à cœur de conserver de sa mémoire ?
Il me semble que dans une certaine mesure, je la comprends mieux, mais c’est peut-être une illusion. Ce dont je suis certaine, c’est d’avoir réussi à conserver beaucoup de choses, parmi mes souvenirs d’elle, qui se seraient effacées déjà avant que je ne finisse de l’écrire, si je n’avais pas commencé à prendre des notes peu de temps après sa mort.
Finalement, est-ce que l’écriture de cet hommage à votre mère a été pour vous plutôt douloureuse ou vous a aidée à surmonter cette absence ?
Elle a été très douloureuse. J’ai travaillé sur ce livre pendant seize ans (alors que La Traversée des Alpes, quatre fois plus long, m’en a pris neuf) ; ce qui me ralentissait le plus souvent, c’était qu’après deux ou trois semaines consécutives d’écriture, je tombais dans un état de détresse qui m’ôtait la force de poursuivre. Cela venait du contenu du récit. Plusieurs fois, j’ai désespéré de jamais arriver à le finir, ce qui n’avait rien pour me remonter le moral, puisque je considérais ce travail comme un devoir filial. Je suis immensément soulagée d’en être venue au bout. Ce qu’il y a eu de plus réconfortant, depuis l’époque où j’ai commencé à l’écrire, c’est un épisode tout récent. Il se trouve que, par un concours de circonstances imprévu, comme on n’en inventerait pas, mon éditeur l’a fait imprimer en Bulgarie. Lorsque les premiers exemplaires me sont parvenus, j’ai subitement eu l’idée que ma mère avait en quelque sorte quitté Sofia pour vivre en France – comme on avait envisagé autrefois qu’elle ferait.Cette incursion dans la non-fiction vous a-t-elle donné envie de poursuivre dans ce genre ou est-ce que cela restera une incursion unique ?
Je pense que cela restera une incursion unique, même si l’on ne peut jurer de rien (jusqu’en 2002, j’étais certaine de ne jamais écrire le moindre livre de non-fiction).
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La Montagne 28 mars 2021
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« Visions d’elle est un livre formidable.
Comme dans un tableau il n’y a pas de chronologie et même si la lecture se déroule dans le temps, le fait d’entrer dans un moment puis dans un autre, dans un souvenir puis dans un autre, dans des lieux géographiques différents, dans un pluriel de visions donne l’impression de rencontrer cette unique mère qui fut la tienne et tu nous amènes à la respecter, à l’admirer et à l’aimer, en fait à la connaître. J’essayais pendant la lecture de me souvenir d’elle assise dans le jardin de Vera où je vous avais rencontré pour la première fois. Émotion, authenticité, affection et talent littéraire la font vivre de telle façon que tu m’as vraiment fait regretter de n’avoir rien su ni deviné d’elle à ce moment-là. »
Marina Kamena plasticienne
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« Éblouie il y a une quinzaine d’années par La Traversée des Alpes de Denitza Bantcheva, je me suis laissée tenter par Visions d’elle même si je ne lis que rarement des ouvrages non fictionnels. J’ai été bien avisée de me fier à cette auteure qui, décidément, ne me déçoit jamais, tant elle a une manière de voir les choses et de les raconter toujours extrêmement personnelle, originale et riche, tout en portant le lecteur à réfléchir. Et n’allez pas croire pourtant que l’émotion soit absente de ses écrits. Visions d’elle en est l’exemple le plus patent, qui est né d’un événement tragique de la vie de l’auteure : le suicide de sa mère.
Alors qu’on aurait pu s’attendre à un procès en règle de qui ou quoi avait poussé Annie ce geste, à une rationalisation de son existence destinée à expliquer le mystère irréductible de tout être humain, Denitza Bantcheva accomplit ici un véritable monument d’amour filial, cherchant à préserver tout ce qu’elle a pu conserver de sa mère afin que son existence ne se réduise pas aux interprétations ou aux récits fixés une fois pour toutes, que tel ou tel serait en mesure de faire d’elle.
L’entreprise est à la fois si simple et si complexe que le lecteur est emporté dans cette quête où la mémoire et la vérité concourent pour tenter de préserver ce qui fait le caractère unique et si fragile d’un être humain. Par la même occasion, on retrouve les préoccupations que Denitza Bantcheva développe à travers son œuvre, notamment le conflit entre l’individualité et les systèmes oppressifs en tous genres, le communisme en l’occurrence, puisque, faut-il le préciser, sa mère ayant passé sa vie en Bulgarie, elle a eu largement à souffrir des obstacles opposés par le régime à l’épanouissement de sa personnalité sensible.
Bref, on l’aura compris, je recommande chaudement Visions d’elle qui, au-delà de son écriture remarquable et de son intérêt propre, amène le lecteur à appréhender son entourage en essayant de se débarrasser de la manie interprétative. »
Reginalda lectrice
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« Rendre à une mère la part de vie qui a bel et bien été la sienne, qui ne se confond pas avec sa fin, celle d’une femme digne et courageuse qui s’est beaucoup battue, mais aussi relire les expériences de sa vie en quête d’une explication, d’une révélation, les désillusions étant de tous ordres, encore plus à l’ombre d’un régime oppressant. »
Françoise S. lectrice
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« J’ai fini le livre de Denitza Bantcheva qui m’a beaucoup émue. Je trouve que son écriture en fait un vrai bijou rare. Il y a une véritable qualité linguistique et narrative révélatrice à la fois du politique et de l’intime. Elle porte en elle une double mission qui n’est sans doute pas facile à vivre tous les jours. »
V. D. lectrice
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« Je viens de terminer ce très beau livre, sans nul doute le meilleur de Denitza Bantcheva. Il commence comme un coup de poing et vous tient sur la longueur. Livre personnel, qui dresse le portrait d’une femme à la fois forte et fragile, qui analyse la complexité des relations mère-fille et fille-mère et qui procède implicitement à une auto-analyse.
Livre témoignage, c’est également le portrait en creux d’un pays sous le joug communiste. »
V. L. lectrice
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« En tant que cinéphile, j’avais lu la monographie de Jean-Pierre Melville écrite par Denitza Bantcheva, à coup sûr la plus affûtée. Puis une œuvre de fiction, La Traversée des Alpes, au cours de laquelle le même Melville ressuscitait le temps d’un tournage sur un toit de Paris, m’avait révélé que l’historienne du cinéma était aussi une étonnante romancière. Visions d’elle est encore autre chose. Une tragédie personnelle a impliqué le renoncement provisoire à la fiction. C’est au départ un texte écrit pour survivre, sans souci de littérature ou de publication, un exorcisme, un essai de sauver de l’oubli ce qui peut l’être. Essai devenu — au fil d’une gestation de quinze ans et de phases alternées de travail intense, d’abandon du manuscrit, et d’envie de le détruire par dégoût et insatisfaction — un subtil et poignant portrait de la mère de l’auteure, sans complaisance ni pathos, en même temps qu’un récit lumineux de leurs liens de sœurs fusionnelles et qu’un glaçant témoignage sur l’art pervers d’un régime d’humilier et de broyer ceux qui lui résistent, même intérieurement. »
P. C. lecteur
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« Une si belle histoire d’amour filial
Denitza Bantcheva écrit pour le souvenir de celle qui lui a donné la vie. Pour qu’elle continue de vivre, en quelque sorte. Elle raconte une vie dans un pays sous dictature communiste, la Bulgarie, avec toutes les joyeusetés que cela implique, des tracasseries quotidiennes à la privation de libertés, à la méfiance, etc.
C’est un témoignage beau et émouvant, qui sait ne pas tomber dans le pathos et nous emporte du début à la fin. Une très belle découverte. »
Missef lectrice → lire l’intégralité de la chronique sur critiqueslibres.com
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« Un texte magnifique et poignant !! Merci de l’avoir publié ! »
paulineniloti lectrice Instagram
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« J’espère que tu (lettre adressée à l’éditeur) vas bien et que nous pourrons nous voir bientôt. Je pourrai alors te dire combien j’ai apprécié Visions d’elle (j’ai découvert Denitza Bantcheva à l’occasion de cette lecture). »
Aimée A. lectrice
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« Je viens de lire Visions d’elle de Denitza Bantcheva. Quel texte fort, original et poignant ! Merci beaucoup de l’avoir publié. »
Raphaëlle P. lectrice
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« Admirable et émouvant. Témoignage poignant du destin tragique d’une mère qui vit dans un pays totalitaire, la Bulgarie. Un histoire vraie qui temoigne de la rudesse d’une dictature et de l’amour d’une fille pour sa mère. Une femme remarquable, issue de parents pauvres et illettrés. Une femme qui s’est faite toute seule et que son pays a détruite. Une histoire difficile mais qui montre à quel point le régime communiste pouvait être destructeur. À la lecture on ressent ce que l’auteure exprime. J’ai dévoré ce livre. »
Much Critiques libres
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« Lecture d’une traite du magnifique Visions d’elle. L’ouvrage appartient au genre littéraire du tombeau, entremêlant biographie maternelle et écriture de l’intime. Dans une langue comme toujours incisive, Denitza Bantcheva rend compte de la lente érosion intérieure d’une femme d’exception bousillée par le communisme, qui s’y entendait en matière de saccage des destinées individuelles. »
Baptiste Roux Positif septembre 2021
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Un alliage rare
« Les éditions do, dont j’ai déjà recensé plusieurs ouvrages ici, confirment avec leur nouvelle publication la haute opinion que j’en suis venue à me faire d’elles. Il faut dire que je partais avec un a priori favorable, car Visions d’elle est un texte de Denitza Bantcheva, auteure de romans et de livres de cinéma que j’ai aussi eu le plaisir de lire (et de commenter ici).Dans ce nouvel opus, l’auteure abandonne le roman et la monographie pour un genre que je vais qualifier, faute de trouver une formulation plus adéquate, de biographie-témoignage.En 2002, la mère de Denitza Bantcheva disparaît brutalement à Sofia, où elle était née et avait vécu, disparition qui déclenche immédiatement l’envie d’écrire ce livre à sa mémoire. Ne vous attendez toutefois pas à y trouver un récit chronologique d’une existence, entre hagiographie et nostalgie. Si Denitza a mis si longtemps à venir à bout de cette entreprise, c’est qu’elle s’est moins attachée à relater les péripéties de cette existence qu’à rechercher son sens.Annie est née dans la Bulgarie des années communistes et a dû mener sa vie tant bien que mal, en dépit des entraves insidieuses et redoutables sournoisement imposées par le système et relayées par la population. Esprit indépendant, elle a d’autant plus souffert d’être entourée de gens dont elle devait se méfier et qui lui étaient pour la plupart hostiles qu’elle ne disposait pas de l’agressivité et de l’aptitude à contrattaquer qui auraient pu lui faciliter la vie.Le lecteur français trouvera de ce fait dans ce livre une plongée dans un contexte historique et social qu’il méconnaît, quand il en soupçonne seulement l’existence. Ce seul aspect de l’ouvrage mérite déjà le détour, mais il serait réducteur de ne voir dans Visions d’elle qu’un tableau sociologique. Car celle qui fait ce récit n’est autre que la propre fille d’Annie et le texte de Denitza Bantcheva invite à s’interroger sur le degré de connaissance que l’on peut avoir de ses proches et sur la part d’insondable de chacun.Par ailleurs, le lien filial introduit une dimension poignante dans le texte, qui en fait un alliage rare et d’autant plus remarquable d’intelligence, de profondeur existentielle et d’émotion qui fait monter les larmes aux yeux.Même si le genre est différent, on reconnaît l’écriture caractéristique de l’auteure, certes moins baroque que dans La Traversée des Alpes, moins ironique que dans À la rigueur, mais toujours riche et subtile, capable de saisir les nuances psychologiques et comportementales les plus ténues. Une lecture qui nous invite à poser pendant qu’il est encore temps un regard plus sensible et dénué d’a priori sur ceux qui nous entourent et que nous pouvons perdre à tout instant. »
Agathe de Lastyns chronique publiée sur → lelitteraire.com
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« Un personnage très complexe, cette Annie ! Et qui possédait une sacrée force intérieure pour avoir résisté aussi longtemps. En Algérie poussait une fleur qui ressemblait énormément à l’anémone. Elle était très rouge et on l’appelait goutte de sang. Et, contrairement à l’anémone, elle était très résistante. J’en cueillais des brassées dans un champ. On les plaçait dans une large coupe avec de l’eau, on posait une lourde pierre au centre de la coupe sur leurs tiges et elles se redressaient, formant une couronne de gaieté. Annie me fait penser à cette fleur, cette anémone sauvage avec une lourde pierre posée sur sa tige et vivace quand même, et rouge comme le sang. »
Monique Raikovic écrivaine
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« « […] je n’écris pas sur elle, j’ai plutôt l’impression de vivre avec elle dans un temps, des lieux, où elle est vivante. » Annie Ernaux, Une femme, 1988.