La Décision de Brandes | Eduard Márquez

EDUARD MÁRQUEZ
La Décision de Brandes 
Titre original : La decisió de Brandes
Traduit du catalan par Edmond Raillard
128 pages / 16 € / Format 13 x 20 cm / ISBN 979-10-95434-06-1
La traduction de ce livre a reçu le soutien de l’Institut Ramon Llull
Paru le 10 octobre 2017
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Un roman lyrique et moral qui explore les petites formes d’opposition à l’arrogance et à l’abus de pouvoir.
Un chant à l’amour, aux souvenirs, à la vie, à l’art… Un poème parfait.
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〈 Le livre 〉
Voyage dans la mémoire et dans les couleurs, chant à l’amour et à l’art, un roman subtil et lyrique qui explore les petites formes d’opposition à l’arrogance et à l’oppression, les émotions contradictoires et la force des souvenirs qui donnent un sens à une vie qui s’achève.
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〈 Extrait 〉
« Vous choisissez », m’a-t-il dit. À cet instant, je ne savais presque rien de cet homme. C’est tout juste si je savais qu’il s’appelait Hofer, Walter Andreas Hofer ; qu’il sillonnait Paris à la recherche d’œuvres d’art pour la collection particulière de Göring et que, lorsqu’il voulait, il pouvait être extrêmement persuasif. « Vous choisissez. » Une voix impérieuse, habituée à dicter ses conditions ; à laisser la peur ou le doute ébranler la faculté de décider jusqu’à la réduire à néant. « Si vous voulez récupérer vos tableaux, vous n’avez qu’à me donner le Cranach. »
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〈 À propos 〉

Invité en octobre 2017, à Toronto (Canada), pour l’IFOA (International Festival Of Authors), à l’occasion de la parution de la traduction anglaise de son roman, Eduard Márquez raconte, dans un entretien, ce qui en a inspiré l’écriture :
La Décision de Brandes a son origine dans une histoire arrivée à Georges Braque. Pendant l’occupation allemande de Paris, le peintre a été soumis à un chantage. Il pourrait récupérer plusieurs de ses peintures, réquisitionnées par les nazis, en échange d’une toile de Lucas Cranach pour la collection de Hermann Göring. À partir de cette anecdote réelle, Brandes, dans ses derniers jours, passe en revue sa vie et cherche les moments qui l’aident à se sentir moins coupable pour tout ce qu’il aurait pu faire, pour tous les mauvais chemins, pour tous les mots non-dits… Les « petites formes de résistance ». Dans notre société capitaliste, nous sommes souvent soumis à de grandes paroles et à de grands gestes. Je crois que nous devons défendre la grandeur des petites rébellions, car ce sont de « petites formes de résistance » et, même si elles semblent insignifiantes, elles peuvent donner de la dignité à la vie d’un individu.
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« Le roman de Márquez est un voyage dans le temps, du crépuscule de la vie à ce moment brûlant de la décision, comme Hofer l’a formulé. Un voyage de mémoire et de contemplation à travers l’expérience personnelle et la voix des autres. Un voyage sensitif à travers les couleurs, les textures et les surfaces, leurs significations mystiques et leurs absolues réalités. La Décision de Brandes est un memento mori, en même temps qu’une accusation explosive — peut-être aussi, dans une certaine mesure, une auto-accusation. Cette généalogie des ombres est un registre des vies aimées, des vies perdues et des vies trahies, des décisions prises, des silences gardés sous la contrainte, par lâcheté ou par concessions faites sans protester. Toute sa vie, Brandes a oscillé entre l’immobilité et le mouvement, la passivité et l’action, tant dans l’art que dans la vie. En tant que peintre, il a lutté avec le sens profond et la forme extérieure, avec le mouvement et les natures mortes. Dans sa vie, il a vacillé entre les rêves et les faits, le présent et la mémoire, la permanence et l’évasion. Et le souvenir de tout ce qu’il a fait ou n’a pas fait, de tout ce qu’il avait ou n’avait pas décidé, emplit, en même temps qu’elle l’éclaire, la fin de sa vie. »
Mika Provata-Carlone
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« La Décision de Brandes est un magnifique roman sur l’art, l’Histoire et le rapport qu’entretiennent les hommes avec leur passé. Nous suivons dans ce récit un peintre assez âgé, Brandes, qui se trouve face à un dilemme moral et personnel. Un haut dignitaire nazi a fait confisquer toutes ses œuvres et propose de les lui rendre en échange d’un tableau de Maître que Brandes a en sa possession. Brandes va alors remettre toute sa vie en perspective avant de prendre une ultime décision.
Le roman nous entraîne à travers l’Histoire avec un grand H, mais surtout à travers l’histoire personnelle du peintre. Avec une très belle écriture et beaucoup de délicatesse, l‘auteur nous offre ici un magnifique récit, mélancolique et chargé d’émotions. En effet, on assiste à la naissance et à la vie d’un artiste que l’on découvre, mais aussi celle, tour à tour, d’un fils et d’un amant. Les relations qui ont façonné la vie de Brandes lui reviennent en mémoire et nous y découvrons toutes les facettes d’un homme et de sa vie. Des drames importants se jouent mais toujours énoncés avec un lyrisme remarquable et une forte sensibilité.
L’auteur nous tient habilement en haleine tout au long du récit en laissant planer le doute sur la décision que prendra finalement son personnage. Pris dans un tourbillon d’émotions et un suspens accrocheur, nous sommes vite conquis par cette œuvre touchante qui nous interroge sur notre propre rapport au passé. Tout comme les tableaux qui parcourent son texte, La Décision de Brandes est un roman sublime qui nous interpelle sur notre histoire et le monde qui nous entoure. » Mars 2022
apprentislibbdx
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« Ce roman rend hommage, au milieu de la mégalomanie et du bombardement du monde d’aujourd’hui, à la grandeur des petites révoltes et des formes discrètes d’opposition à l’oppression, à la dignité de défendre quelque chose que l’on considère comme inaliénable, aussi modeste soit-il. L’histoire devient ainsi une véritable déclaration de la position éthique de son créateur, que Braque et Brandes partagent avec Márquez : travail constant, humilité, perfectionnisme et patience. »
Javier Cisneros
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« Subtil et mélancolique, philosophique sans jamais être abscons ni facile, La Décision de Brandes est une perle ! Écrit par l’auteur catalan Eduard Márquez, traduit par Edmond Raillard et publié en 2017 par les très aimées éditions do, La Décision de Brandes est aussi court que vif, il vous retourne comme un gant qui aurait oublié sa face interne, et promet de longues heures de méditation… Se remémorant sa vie, un peintre au seuil de la mort, dont l’existence a enjambé les deux guerres mondiales, parcourt les instants décisifs, tente de relier les différentes images qui ont construit le paysage accidenté qu’il est devenu.
Voyage à travers la peinture, l’amour, la mort, la perte des êtres chers, mais aussi fin dessinateur des petites — mais infinies — luttes contre l’oppression, ce texte vous laisse à la marge de votre propre existence, à la lisière de toutes ces Décisions déterminées par nos peurs et nos convictions, comme autant de voies à emprunter pour tenir tête à l’adversité.
Eduard Márquez réalise un immense hommage à la capacité de l’art de s’opposer, de se réinventer ou se recréer, et nous rappelle à quel point nous donnons corps, par nos gestes, à notre liberté. »
Librairie Myriagone Angers
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« La Seconde Guerre mondiale renferme bien des histoires. Sordides, violentes, inoubliables. Chacun d’entre nous peut se passionner pour l’une d’elles et dans tous les domaines.
Ce n’est pas un secret, Hermann Göring, personnalité bien connue du Parti national-socialiste, était féru d’art. Il a pillé partout où il le pouvait des œuvres de grandes valeurs pour remplir des wagons entiers. Pour l’aider à enrichir sa collection, il a notamment fait appel à Walter Andreas Hofer, grand marchand d’art de l’époque, et personnage important de La Décision de Brandes (éditions Do, traduction d’Edmond Raillard). « Vous choisissez », ces deux mots qui reviendront rythmer le roman, comme un rappel, une marotte, une épée de Damoclès. Car, vous vous en doutez, le choix ici a prendre est cornélien, celui de la mémoire, de l’amour, de la vie. À cet artiste à qui on laisse le choix, on a tout prix. Toute sa collection de peintures, tout ce qui a déterminé sa vie, tout ce qu’il est. Ne lui reste que ce tableau de Cranach hérité de ses parents comme un ultime souvenir.
Le choix est simple : donner son Cranach et récupérer l’intégralité de sa collection ou… Et c’est à partir de là que tout s’opère, qu’un long monologue se met en place, que nous suivons avec intensité la réflexion d’un protagoniste perdu. Le choix existe-t-il réellement ? Et si la proposition est honnête, quelle attitude adopter ? Car l’art n’est pas juste quelque chose de beau à regarder ou pour épater la galerie, il est un catalyseur d’émotions, une part incontestable de nous-même. Eduard Márquez nous envoûte, nous plonge dans les tourments d’une belle âme et dans une histoire dont nous ressortons plus grands. »
Un coup de coeur de Marylin Anquetil, librairie Mollat Bordeaux
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Coups de coeur également des librairies 47° Nord Mulhouse et La Forge Marcq-en-Barœul
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« Vous ne connaîtrez la décision de Brandes qu’à la fin de l’ouvrage : c’est le fil conducteur, tandis que Brandes évoque des personnes et des moments-clés de sa vie. Simplement mais superbement écrit, ce petit roman est un bijou de finesse psychologique et un hommage au travail artistique. »
Librairie Mots et motions Saint-Mandé
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« Après l’armada des grands éditeurs et des prix littéraires, mettons en avant de « petits » éditeurs qui font un travail remarquable pour dénicher de vraies pépites ! Dans La Décision de Brandes (éditions Do), allez à la rencontre de ce vieux peintre au prise avec Goering qui lui jalouse un tableau de Cranach : on y parle de peinture, de couleurs, de femmes et de la guerre ! »
Librairie La Procure Largeron Reims

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Dans L’Alsace du 27 novembre, des librairies alsaciennes sont invitées à choisir parmi les 581 livres de la rentrée littéraire ceux qu’ils mettraient à coup sûr dans les mains de leurs clients. Des conseils de qualité, très divers, hors des sentiers battus.
La Décision de Brandes d’Eduard Márquez figure dans les coups de coeur de la librairie Mille feuilles sise à Altkirch.
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Lors d’une soirée consacrée à la rentrée littéraire organisée à la médiathèque de Wissembourg (Bas-Rhin), Willy Hahn, de la librairie À Livre ouvert (sise dans la même ville), a présenté ses choix : des livres qui justement « évoquaient le terrible thème du « choix », de la bonne décision à prendre dans des circonstances particulières » : La Décision de Brandes d’Eduard Márquez fut parmi ceux-là, au côté de Niels d’Alexis Ragougneau et L’Homme de miel d’Olivier Martinelli. Comment le savons-nous, qui n’avons pas la chance d’habiter Wissembourg ni ses environs ? Grâce à l’excellent compte-rendu de Catherine Chollet dans les Dernières nouvelles d’Alsace.
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« Göring possédait plus de soixante-dix Cranach. Il les prenait directement chez les collectionneurs et dans les musées ou il les échangeait contre des oeuvres de peintres interdits : quatre Kirchner, sept Grosz, douze Nolde contre trois Cranach ; six Kandinsky, un Picasso, cinq Gris et huit Schiele contre deux Cranach…. ».
Le narrateur, un peintre allemand, visiblement connu, est face à un chantage durant l’Occupation allemande, à Paris. Hofer, homme de main de Göring qui a confisqué ses soixante-huit tableaux d’art dégénéré (« des gribouillis et des taches de couleurs »), à son marchand d’art juif, lui propose de les échanger contre un Cranach hérité de son père. Plus qu’une proposition, c’est un ultimatum , « Vous choisissez ». ( « Les tableaux de la liste ou le Cranach. Mon histoire ou celle de mes parents. ») Cédera-t-il ? Des années plus tard, alors que ses jours sont comptés, il se rappelle… sa femme étant morte et n’ayant pas de descendance, de nombreux souvenirs vont disparaître avec lui… dans ce long monologue, il les partage avec nous.
Je ne veux pas vous en dire plus, mais ce livre inspiré d’un épisode de la vie de Georges Braque, est plus que l’intrigue d’une décision ; des anecdotes d’une vie, des réflexions sur les défauts de la mémoire altérée par l’âge et la maladie, en bien ou en mal, sur l’Art, les couleurs, le destin… bref c’est passionnant. Presque chaque phrase vous émouvra ou vous fera réfléchir, et dire que ce n’est que 122 pages. La description du tableau de Cranach en lui seul vaut la peine de lire ce petit bijou de littérature. Je suis tentée de vous la mettre en citation, mais ce serait dommage, elle fait partie de la parure.
Le bleu de la couverture des éditions do m’est fatale, il me fait « perdre de vue l’orpiment » (explication dans le livre ). L’année dernière à mon passage à Paris, j’ai succombé à Comment j’ai rencontré les poissons d’Ota Pavel, et cette année de même, à ce livre, dans la même librairie. Acheter les yeux fermés, “a blind date”:), et découvrir des pépites, c’est le bonheur !
« ….la signature caractéristique de Cranach: un dragon aux ailes déployées. Plus tard, après la mort de son fils aîné, il les replia en signe de deuil. Comme j’aimerais avoir une image aussi simple et éloquente pour exprimer le poids de toutes les absences. » « Ce qu’on ne nous prend pas nous reste, c’est le meilleur de nous-mêmes. »
Une critique de Bookycooky, sur le site babelio.com
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« 121 pages riches et denses.
Hofer recherche des œuvres d’art pour Göring, en particulier des Cranach. Brandes en possède un et Hofer lui pose un ultimatum : « Si vous voulez récupérer vos tableaux, vous n’avez qu’à me donner le Cranach » Il n’a que peu de temps pour prendre sa décision. Et pendant ce court laps de temps, lui qui est maintenant un vieil homme voit ressurgir tous son passé, tous ses souvenirs. Et quel passé ! Et quels souvenirs ! Une écriture fine et précise nous entraîne dans un tourbillon de couleurs, de pigments, d’odeurs, de sentiments. De l’enfance jusqu’au seuil de la mort. Un passé qui remonte, fait de tendresse, de passion du beau, de décisions hasardeuses. On est baigné dans un univers pictural enchanteur.
 lecteurs.com
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« Les éditions Do nous surprennent à nouveau. Après la lecture heureuse de Comment j’ai rencontré les poissons d’Ota Pavel, je suis allé voir ce petit La décision de Brandes de l’écrivain catalan Eduard Márquez histoire de confirmer la bonne impression que m’a fait cet éditeur au nom mystérieux. Et la c’est la claque… Un texte qui va rester pour moi comme restera l’énorme Confiteor de Jaume Cabré par exemple. »
La couleur de l’air respirable est le titre du très bel article de la librairie des Cordeliers Romans-sur-Isère, à lire ici
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Sous l’Occupation, un homme est confronté à un choix cornélien : garder la vie ou son humanité. Anciennement à la tête d’une belle collection de tableaux, Brandes chérit le dernier en sa possession : une peinture de Lucas Cranach qui, au-delà du chef-d’œuvre qu’elle représente, est tout ce qui lui reste de son héritage familial. Malheureusement pour lui, Hermann Göring est à ce point fasciné par l’artiste qu’il est prêt à lui restituer la totalité de ses biens contre celle-ci. Disposant de peu de temps pour prendre sa décision, il se lance dans un long monologue intérieur où se confondent souvenirs et étude de l’art, souvent interrompus par un rappel à la réalité. « Vous choisissez », deux mots prononcés par Walter Andreas Hofer, l’entremetteur du dirigeant nazi, pour appuyer ce terrible chantage venu sonner le glas. « Parce que je suis le dernier chaînon d’une lignée d’ombres. Après moi, il n’y aura plus de place que pour l’oubli. »
En toute logique, Brandes devrait accepter sans hésiter et attendre des jours meilleurs. Après tout, il n’a plus ni famille ni d’amante, personne pour témoigner de ses actes, qu’ils soient nobles ou lâches. Mais léguer ce tableau l’amène à dresser un bilan personnel, moment crucial et impitoyable de la vie. Brandes nous parle alors d’art, de formes, de couleurs, de beauté, mais aussi de mémoire. Ce tableau devient ce qu’il a de plus cher ; le symbole de ce qui a déterminé toute sa vie, sa personnalité, son talent. Mais il est surtout celui de sa dignité. Jamais, depuis le début de la guerre, il ne s’est opposé à l’ennemi. Si à l’origine celui-ci est venu troubler la paix dans un esprit de conquêtes, aujourd’hui il s’attaque à un peintre par caprice. Ridicule. Injuste. Intolérable.
« Mais c’est le problème avec les décisions. Il est difficile de les examiner a posteriori et de n’avoir rien à se reprocher. »
L’art est un marché indéniable dans le monde de la finance, mais il a surtout ce pouvoir de tous nous mettre à égalité. Que nous soyons riche ou pauvre, jeune ou vieux, fort ou fragile, nous pouvons tous nous en émouvoir. En admettant que Hermann Göring en fut également capable, mérite-t-il que Brandes lui accorde cette faveur ? Dans une envolée lyrique, Eduard Márquez nous offre une réflexion d’une grande humanité où la morale l’emporte sur le désir.
Ce livre est inspiré de la vie de Georges Braque dont une merveilleuse citation ouvre le roman : « Ce qu’on ne nous prend pas nous reste, c’est le meilleur de nous-même ». 
Litt-aqui
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