JOÃO GILBERTO NOLL
La Brave Bête du coin
Titre original : O quieto animal da esquina
Traduit du portugais (Brésil) par Dominique Nédellec
96 pages / 14 € / Format : 13 x 20 cm / ISBN 979-10-95434-09-2
Conception graphique : Mr Thornill
La publication de ce livre a bénéficié du soutien du ministère de la Culture / Fondation Bibliothèque nationale et du ministère des Affaires étrangères du Brésil
Paru le 13 mars 2018
×
〈 Le livre 〉
Un jeune poète désœuvré traîne dans un quartier mal famé de Porto Alegre. Arrêté par la police pour le crime qu’il vient de commettre, il est mystérieusement relâché et interné dans une clinique, avant d’être recueilli dans une vaste propriété par un couple d’Allemands. Incapable de peser sur le cours de son existence, il s’abandonne alors au confort de cette vie nouvelle, tout en s’interrogeant sur les motivations réelles de son énigmatique protecteur. Lui sera-t-il donné d’être autre chose que son obligé, son garde-malade, son animal de compagnie ?
Atmosphères équivoques, créatures désemparées, danse violente des corps, insaisissable mécanique du temps… Hypnotique comme un film de David Lynch, La Brave Bête du coin déroute et fascine.
×
〈 Extrait 〉
Un jus noir me dégoulinait des mains sous le robinet, je venais de perdre mon boulot, je disais adieu à ce cambouis pas facile à enlever.
« Un jus noir qui dégoulinait, trois mois ont passé depuis, et j’ai pris l’habitude de tuer le temps en traînant en ville, léger abattement en me voyant dans le miroir d’une pissotière, mais rien qu’un garçon de dix-neuf ans ne puisse dissiper en marchant encore un peu.
Quelquefois il m’arrivait même de faire la queue avec d’autres candidats pour un emploi, je sortais alors de ma poche n’importe quel bout de papier, un stylo, si quelqu’un me regardait je prenais un air grave, comme si je notais non pas des vers me venant à l’esprit, mais un truc urgent qu’il ne fallait pas que j’oublie.
Dans le centre de Porto Alegre, mon trajet ne variait pas beaucoup, je marchais un peu rua da Praia, je prenais un petit café dans le passage de la Galeria Chaves, j’allais jusque chez le marchand de journaux de la praça da Alfândega, je feuilletais encore et encore, je montais jusqu’à la rua Riachuelo, j’entrais chez un bouquiniste, restais un moment à feuilleter là aussi, de la poésie, trop fauché pour acheter des bouquins même d’occasion, les réserves quasi à sec, bien souvent comme ce jour-là j’allais me poser à la bibliothèque municipale à deux pas du bouquiniste en question, je lisais des vies de poètes, tous plus déjantés les uns que les autres, il y en avait un qui n’avait jamais cherché à tirer son coup, jamais baisé avec personne, il est mort comme ça, chaste, un autre avait une passion secrète pour ses rognures d’ongles, il les gardait dans un petit flacon et leur vouait une sorte de culte, poussé par un sentiment qu’il était incapable de déchiffrer. »
×
〈 À propos 〉
« De nombreux écrivains naïfs continuent de chercher le réalisme soit dans le monde concret, soit dans leur propre histoire, illusions auxquelles Noll a su échapper. »
José Castello, écrivain (Brésil)
×
« Récit magnifiquement diffracté, La Brave Bête du coin est l’exploration kaléidoscopique d’une conscience, celle d’un homme blessé et blessant qui se heurte violemment au monde sans pouvoir se raccrocher à grand-chose, pas même au passage du temps. »Brian Evenson, écrivain (USA)
×
« (…) je saisis en sombrant que la seule vérité de l’homme, enfin entrevue, est d’être une supplication sans réponse. » L’Expérience intérieure, Georges Bataille.
Une citation, envoyée par le traducteur Dominique Nédellec, qui pourrait faire écho à La Brave Bête du coin.
×
Cultura, St-Aunès
Librairie Myriagone, Angers
×