Aix-la-Chapelle, début des années 1970. Bernfried Järvi travaille dans un bureau. Insomniaque, nihiliste et fantasque, il erre dans la ville et fréquente assidûment le Ceuta, l’Aviz et le Piolho, trois bars mythiques de la ville de… Porto – ce n’est là ni la première ni la dernière étrangeté du texte.
Bernfried est un écrivain qui ne parvient pas à écrire. Il passe des nuits blanches devant sa feuille blanche et, à défaut de concrétiser son rêve d’écrire un livre, il prend en note son quotidien, où le vide le dispute à l’ennui. Ses compagnons de bistrot forment une galerie de personnages oisifs et désœuvrés — prêcheurs, poètes, philosophes ou visionnaires — qui présentent tous des caractéristiques et des comportements étranges, inattendus.
Bernfried les évoque souvent dans ses cahiers, raconte leurs divagations, leurs idées, les cite : « S’il fallait débarrasser de ma vie tous les gestes, et de mes paroles toutes les phrases, que je fais ou dis par banalité, que resterait-il ? » Et il raconte, dans des passages d’une grande sensualité, l’idylle aussi intense qu’éphémère qu’il vit avec Else. L’amour semble l’éloigner du spleen et lui donnera, peut-être, la force d’écrire…
Mais l’automne coïncide avec la fin de l’histoire, la désillusion et le retour du tédio.
Déambulation existentielle et somnambule dans la ville et les bars, ces carnets de notes, dépourvus d’intrigues, de rebondissements et autres péripéties, n’en regorgent pas moins d’histoires à la fois banales, extraordinaires et poétiques faisant écho à nos propres existences, avec ses nombreux passages surréalistes, ingénus, drôles.