264 pages / 21 € / Format : 13 x 20 cm / ISBN 979-10-95434-41-2
Conception graphique : Nina Mann & éditions do
Parution le 25 août 2022
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〈 Le livre 〉
Un chanteur français nommé Arthur Loizeau, retraité en Californie, où il semble couler des jours heureux loin de la musique et de la poésie, dans lesquelles il a dû exceller avant que le décés de son frère jumeau le conduise à reconsidérer son existence, se voit un jour, par erreur, kidnappé par les sbires d’un surnommé Ogre, gourou obèse d’une secte croyant au retour des Aztèques.
Brièvement enfermé dans une cellule en attendant son sacrifice, Arthur parvient à s’échapper grâce au suicide de son geôlier, qui est aussi son sosie. Son évasion, qui n’a rien de spectaculaire, le conduit dans une vallée mexicaine, sèche et désolée, où, par un soir et par hasard, il rencontre un cow-boy, Sœur Justice, qui a ceci de commun avec Don Quichotte qu’il est bavard, menteur, intoxiqué par ses lectures et illuminé.
Les aventures qui s’en suivront seront évidemment multiples, drôlatiques, truculentes, picaresques et atteindront leur sommet avec la grande bataille du cirque, lieu de collision entre l’armée et l’Ogre, celle d’un Européen indianisé et la troupe d’un bandit diabolique.
L’histoire se finira même par un voyage en ballon.
Mexicayotl est un roman baroque mais lisible, fantaisiste mais fourmillant de vérités, plein de clins d’œil mais fluide et trépidant. Que ne renierait (certainement) pas le grand Cervantès. On peut aussi y déceler, en une sorte de jeu de pistes, des allusions à Lazarillo de Tormes, Zurbaran, Levi-Strauss, une multitude de westerns, D.H. Lawrence…
On ne s’y ennuie jamais et quand on l’a fini, on espère même qu’il y aura une suite.
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〈 Extrait 〉
« Comme j’ouvre mes paupières sur un ciel lilas, je m’entends ronfler et j’entends soupirer la mer. J’ai eu un sommeil fatiguant, pris dans une épopée mexicaine sans queue ni tête, où sang et sable ont célébré leur noce dans des décors arides. Il y avait des fusils, des couteaux d’obsidienne brandis par des prêtres aux longs cheveux sales, des colts fumants, des bandits démoniaques. Il y avait des temples, des chevaux, un cirque, un cow-boy bavard, un voyage en ballon, des nains, des géants, un ogre et des spectres… C’était dense mais tout s’étiole, jusqu’à n’être bientôt plus qu’une hébétude.
Quelqu’un me secoue.
Une micro-mouette chocolat traverse les écrans de mes lunettes de soleil ; passe aussi un mini-avion caramel tirant derrière lui un ruban publicitaire sur lequel est écrit la maxime :
VIE EST CERCLE, NOUVEAU EST ANCIEN QUI REVIT
Je redresse mon buste et m’appuie sur mes coudes. Dormir sous une telle chaleur devrait être interdit. Je maudis l’astre en fusion, et, gouttant comme un cierge, j’en viens à penser aux Aztèques, qui le vénéraient au point d’éventrer pour lui des milliers de malheureux.
Au sud, sous une montgolfière rouge qui se gonfle au ralenti, à moins qu’elle ne se ratatine, s’élance dans l’océan une jetée barbelée de cannes à pêche et de silhouettes d’oiseaux marins.
— Je dormais, me déclaré-je en un souffle, comme si, jusqu’alors, j’avais retenu ma respiration. »
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〈 À propos 〉
« Un divertissement baroque
Les éditions do nous font souvent découvrir des écrivains à suivre, et c’est de nouveau le cas avec Michael Collado.
Cet universitaire, spécialiste de l’histoire et de la littérature mexicaines, a écrit, sur son pays de prédilection, un roman tout sauf académique : picaresque, loufoque et divertissant.
Son protagoniste, Arthur Loizeau, qui a eu un certain succès comme chanteur et qui se veut poète (écrivant tous ses textes), s’est installé à Los Angeles après avoir perdu son frère jumeau. Alors qu’il se rend au vernissage d’une artiste mexicaine, il est enlevé avec elle par des illuminés qui rêvent de restaurer le Grand Mexique d’avant l’arrivée des conquistadors. Plus délirants les uns que les autres, à commencer par l’Ogre, leur chef qui mérite bien son surnom, ils semblent drogués en permanence (au peyotl, comme le titre du roman le suggère ?), et ils sont indubitablement dangereux.
Arthur Loizeau réussira à s’enfuir de leur domaine, mais sera entraîné dans de nouvelles mésaventures par Sœur Justice, un cow-boy masqué qui a vu trop de westerns, comme Don Quichotte avait lu trop de romans de chevalerie…
L’extravagance du récit laisse deviner dès le premier chapitre qu’il peut s’agir de hallucinations ou d’un cauchemar. Cependant, Arthur Loizeau et Sœur Justice ont chacun sa logique ou sa sorte d’absurde, le narrateur apparaissant comme le plus proche du bon sens, ce qui ne facilite pas toujours leurs rapports.
Dans un contexte où la vraisemblance n’est pas de rigueur, le lecteur a l’impression que tout peut arriver, et de fait, il advient des choses fort surprenantes.
Michael Collado s’amuse (et nous fait rire) en multipliant les formes de décalage : entre les visions des choses des deux protagonistes, entre leurs références, entre les problèmes qu’ils s’attirent et le ton du récit… Mais le plus savoureux de Mexicayotl, c’est le style : baroque, parsemé de tournures inventives et de jeux de mots. (…)
On a hâte de lire le prochain roman de Michael Collado, qu’on espère aussi inventif et bien enlevé que Mexicayotl. »