Une fois (et peut-être une autre) | Kostis Maloùtas

KOSTIS MALOÙTAS
Une fois (et peut-être une autre)
Titre original : μια φορά (και ίσως κι άλλη μία)
Traduit du grec par Nicolas Pallier
Format : 13 x 20 cm / ISBN 979-10-95434-18-4
La traduction de ce livre a bénéficié du soutien du Centre national du livre
Paru le 27 août 2019
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Il est admirable qu’au cours de quatre millénaires de fiction, il n’y ait jamais eu deux livres identiques du début à la fin. Deux livres identiques parmi le nombre infini de livres différents.
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Pour paraphraser Héraclite, on pourrait dire qu’il n’est pas possible d’entrer deux fois dans le même livre.
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〈 Le livre 〉
Paraît un jour un livre, d’un romancier allemand, qui raconte l’histoire universelle, sagement absurde bien qu’alambiquée, d’un homme ordinaire, à une époque et dans une ville impossibles à situer. L’ouvrage, dont le titre est Une fois (et peut-être une autre), passe inaperçu ou presque, jusqu’à ce que l’on découvre, sept ans plus tard, l’existence d’un roman « jumeau », au titre et à l’intrigue en tous points identiques. Un livre publié à la même période, mais de l’autre côté de l’Atlantique, dans une autre langue, par un auteur uruguayen. Lequel serait resté dans l’anonymat le plus total s’il ne s’était pas ainsi trouvé, avec son confrère allemand, promu héros d’une vertigineuse coïncidence dont s’emparent vite éditeurs, essayistes, critiques, universitaires… Mais la question demeure : deux hommes, étrangers l’un à l’autre, peuvent-ils réellement avoir écrit le même roman ?
Avec une ironie diffuse, traversée d’élans burlesques, Kostis Maloùtas dessine dans ce roman, de fausses pistes en vrais questionnements, un impressionnant réseau de textes « gigognes » où sont soulevés, un à un, les grands enjeux du monde de l’édition.
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〈 Extrait 〉
« L’un des aspects les plus séduisants de la réalité est son imprévisibilité, y compris lorsqu’elle se comporte de la plus simple et prévisible des manières — quoique d’aucuns aient pu soutenir que c’est dans ce cas précis que réside sa magie. Et les premiers à n’en pas disconvenir, selon toute vraisemblance, auraient été Wim Wertmayer et Joaquín Chiellini, ces deux écrivains qui firent sensation dans le monde des lettres, et bien au-delà, avec leurs romans respectifs. Rares sont ceux qui auraient pu prévoir ce qui arriva à la fin du siècle dernier, et quand même y seraient-ils parvenus, ils auraient imputé leur prédiction à la perfidie d’une imagination maladive, et non aux versions admises, et probables, de la réalité. »
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〈 A propos 〉
Une crise de littérature
« Premier roman de Kostis Maloùtas, paru en Grèce en 2015, Une fois (et peut-être une autre) s’attaque à l’idée même d’originalité et peint une fresque sombre du monde littéraire. À contre-courant de ses contemporains qui puisent leur matériau dans les crises économique et culturelle que traverse le pays, tels Christos Oikonomou, Yannis Tsirbas, Rhea Galanaki ou encore Yannis Makridakis, Kostis Maloùtas écrit sur une autre crise, celle de la littérature.
Tautologique, en cercle clos, le monde littéraire se résume ici à six hommes qui découvrent leur double : un Uruguayen et un Allemand ont écrit le même roman, avec le même titre, Une fois (et peut-être une autre), leurs recenseurs respectifs en ont fait la même analyse, et leurs éditeurs se sont associés pour faire fructifier ce hasard. Ensemble, ils décident de rédiger un texte retraçant point par point l’invraisemblable histoire, avant de constater qu’un septième personnage l’a déjà imaginé et écrit : c’est le livre que nous avons entre les mains.
Maloùtas fait mine de ne pas s’étonner que deux écrivains qui s’ignorent, séparés par la langue et un océan, aient écrit un roman mot pour mot identique. Il attribue cette coïncidence à l’imprévisibilité de la vie et, en creux, à la fâcheuse tendance qu’ont les écrivains de ressasser les mêmes thèmes universels. L’originalité, puissant totem à l’origine des cultes littéraires, ne tiendrait qu’à un simple agencement de mots, à une nouvelle façon de dire le même. »
→lire la suite de l’article de Feya Dervitsiotis sur le site en-attendant-nadeau.fr
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« Désopilant , casse-tête, intelligent, absurde, grotesque, ce premier roman grec du jeune auteur, Kostis Maloùtas !
J’ai entre les mains ce fascicule encore presque à l’état brut, sa couverture blanche, et cette notation Epreuves non corrigées, mise en vente le 27 août 2019…. aux éditions Do. L’envie de le découvrir est encore plus grande, d’autant que le sujet même de ce roman s’y prête avec sa mise en abyme…
Cette lecture me laisse perplexe dans un premier temps, avec des accents de Georges Pérec et l’OULIPO, des fausses coïncidences de Ionesco…
Mais je me prends au jeu, car c’est intrigant, avec les textes imbriqués, et la fin insolite.
Le récit relève de l’absurde, et il explore méticuleusement, dans le monde de l’édition, cette faille dans laquelle sombrent brusquement des personnages, vrais ou faux, dédoublés : deux écrivains qui ont écrit le même livre en même temps dans deux continents différents, et deux langues différentes, deux critiques littéraires de chacun de ces romans, deux éditeurs… C’est ici que tout se complique pour le grand bonheur du lecteur qui est arrivé jusque-là, alors que le livre qu’il tient entre ses mains l’exhorte à le lâcher ! »
Geneviève MB Librairie Les Saisons La Rochelle
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« Ce court récit au titre pour le moins cocasse fait partie de ces romans, protéiformes, qui sont difficilement classables. Non pas qu’il soit difficile à lire ou ennuyeux, bien au contraire, Kostis Maloùtas, l’auteur grec s’amuse à brouiller les codes de la fiction et se prend à jouer avec son lecteur. C’est donc un premier roman plutôt hors-norme, pourtant publié en France après que sa seconde œuvre l’a été si l’on en croit sa maison d’éditions française, les éditions do. Très peu de choses restent connues de l’auteur, dont le nom et l’œuvre restent encore bien confidentiels. Si Kostis Maloùtas est effectivement grec, ne vous attendez pas à ce que le récit se passe dans la république hellénique, l’écrivain ayant choisi d’ancrer son histoire dans pratiquement les quatre coins du globe – Uruguay, Allemagne, France, Canada – sauf dans son pays natal… » → lire la suite
temps de lecture blog littéraire
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« Les éditions do frappent à nouveau très fort avec leur dernière parution : Une fois (et peut-être une autre). Une intrigue éditoriale passionnante (si, si) servie par le style ciselé, malicieux de Kostis Maloùtas (traduit du grec par Nicolas Pallier). Un roman à tiroirs dont le coup d’éclat paroxystique serait évidemment la parution de son propre jumeau… Qui sait ? Merci à Olivier Desmettre, qui passait par là, d’avoir franchi le seuil de notre librairie et de nous avoir présenté le nouveau titre de sa maison avec un enthousiasme communicatif. Aussitôt le livre reçu, il fut dévoré et c’est avec un immense plaisir que nous vous annonçons sa disponibilité. Un coup de coeur qui fait frissonner cortex et muscles maxillofaciaux, c’est peu commun. »
Jérôme, Librairie Entre-temps, Liège (Belgique, si, si, parfois do voyage, avec un sac évidemment)
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« Un petit mot pour vous dire à quel point j’ai aimé Une fois (et peut-être une autre). La formule a toujours quelque chose d’un peu excessif, mais c’est sincèrement un des meilleurs textes de la rentrée que j’ai eu l’occasion de lire. »
P-E P., journaliste
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Amo Danaos et Dona ferentes !
Une facétie littéraire de haute volée, en forme de conte symboliste et poïétique, où l’esprit se perd avec délices dans les méandres drôlatiques d’une mystification kaléidoscopique
Si vous aimez jouer avec la littérature, ce livre est fait pour vous !
… (et peut-être un autre ?)
Librairie Passages Lyon
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Guillaume Contré Le Matricule des anges septembre 2019
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« Avec dextérité, Kostis Maloùtas nous mène d’un bout à l’autre de ce récit minutieux. La question de l’identité s’avère centrale dans ce roman exigeant où l’auteur s’empare d’un motif séculaire à la fois traditionnel et fascinant, celui du double, et fait ainsi de la duplicité et de la dualité une constante qui va croissant au sein de l’intrigue.
Toutefois, c’est avant tout les méandres de la création qu’interroge et dissèque Maloùtas au fil de ces pages. Qu’est-ce qu’une œuvre originale ? Et puisque tout à déjà était écrit et que rien ne se crée ex-nihilo sur quels fondements repose la création et comment est-elle rendue possible ? L’auteur met également en exergue la portée universelle et la pluralité que renferme toute œuvre. »
Karen Cayrat proprosemagazine.wordpress.com →lire l’article
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« Une fois (et peut-être une autre) fait partie de ces livres inclassables, un livre tout de suite incontournable. Abyssal, absurde, sinueux. On s’y casse la tête, on y perd le nord. Puisque chaque page réserve une surprise autant être prêt à la distorsion. Une découverte ébouriffée de la jeune littérature grecque. Une lecture jubilatoire et ô combien jouissive ! »
Fabien Bernier Librairie Decitre Grenoble
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« Le projet éditorial le plus fou et le plus réussi de la rentrée littéraire. C’est ludique, drôle, intelligent étant donné l’abîme de réflexion qui continue de se creuser en nous une fois le (ou les) livres (s) refermé (s). »
Knops Martin Librairie Nouvelle Asnières
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« Exigeant et jubilatoire, si on se laisse emmener dans cette histoire qui me laisse une question : est- ce déjà arrivé, un truc pareil ??? Quel truc, dites-vous… Eh bien ce qui se déroule sous nos yeux sidérés dans ces quelques à peine 130 pages… Mais quoi ? »
La livrophage – lectrice en campagne → lire la suite
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« Borgésien est sans doute l’un des adjectifs les plus galvaudés qu’on peut utiliser pour parler d’un projet littéraire (seul kafkaïen doit l’être plus ; proustien n’est pas loin). Une situation un peu étrange, parfois même seulement l’usage d’un motif (labyrinthe, bibliothèque, personnage mythologique) suffisent pour le dégainer. Mais à la lecture, quelle déception.
On ne saurait pourtant trouver emploi plus justifié pour parler de cette double publication des éditions do/od.
Borges réalisait des fiches de lecture de livres impossibles, de livres monstres dont il avait compris que souvent la lecture ne procurerait aucun plaisir. Pourquoi se lancer dans une entreprise insensée alors qu’on peut produire un faux compte-rendu de lecture, bien moins aride, de ces textes monstres, pour en rendre l’idée et le vertige ? Certains auteurs s’y sont risqués aux livres monstres, avec des succès variables, provoquant parfois ce vertige de l’intelligence, du concept exprimé, mais au prix d’une lecture pénible. Et là, pour (x) fois autant que Une fois (et peut-être une autre), ça marche.
De ces deux livres, il me sera difficile d’en dire quelque chose sans en dévoiler la surprise qui se dégage à leur lecture. Restons vague donc : on pensera bien entendu à l’entreprise fameuse de Pierre Ménard en les lisant. On retrouvera les contraintes de construction, le goût pour la supercherie et le jeu, la surprise — à la fois très intellectuelle, mais aussi volontiers espiègle (on a tendance à oublier l’humour chez Borges).
On lit ces deux textes appairés (l’un traduit du grec, l’autre de l’irlandais) fasciné, on court le long des pages, on prend des notes, on compare et on s’émerveille. Et, au-delà de tout ça, naît ce fameux sense of wonder si difficilement traduisible en français.
Un projet littérairement et éditorialement gonflé, impeccablement réalisé, une bonne claque. Et les couvertures sont superbes qui plus est ! À LIRE ! »
Julien Delorme lecteur & directeur commercial des éditions La Peuplade
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La Nouveau Magazine Littéraire novembre 2019
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Écouter (une fois au moins) la critique de Nikola Delescluse, dans son émission Paludes sur Radio Campus Lille du vendredi 6 septembre 2019 écouter le chronique

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« A ma librairie préférée, on m’a conseillé ces deux romans (ou trois, ou un, vous allez voir ce n’est pas très clair). Voilà ce qu’on m’en a dit : le premier est une histoire racontée par deux auteurs différents, un Allemand et un Uruguayen. Le second livre raconte la même histoire, mais narrée par un Allemand. C’est vrai que les deux incipit ont comme un air de famille. Je ne garantis pas l’exactitude de ma présentation, j’ai à peine ouvert les bouquins. Et je n’ai pas bien compris ce que le libraire m’a raconté. Mais j’ai trouvé ça intrigant. C’est publié aux éditions do. Ça au moins j’en suis sûr. »
Recueil de faits curieux, improbables & inavérés lire la suite sur twitter →
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« Retour à la littérature (et même à la littérature au carré, puisque c’est un livre sur les livres, les auteurs et leurs éditeurs) avec ce bref et très amusant premier roman, paru chez nous en août dernier, dont le postulat est ce misérable miracle : deux écrivains publiant le même livre exactement (des premiers romans également), mais dans deux langues différentes (l’allemand et l’uruguayen). Je n’en ai fait ce matin qu’une bouchée et son incipit en est, ce me semble, la meilleure recommandation :
« L’un des aspects les plus séduisants de la réalité est son imprévisibilité, y compris lorsqu’elle se comporte de la plus simple et prévisible des manières – quoique d’aucuns aient pu soutenir que c’est dans ce cas précis que réside sa magie. » »
Didier Da Silva écrivain
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« C’est l’un des livres les plus malicieux de l’automne. Dense et finement construit, il est signé Kostis Maloùtas, jeune écrivain grec dont c’est le premier roman. Débordant d’imagination, il s’amuse à brouiller les pistes sans jamais perdre le fil de son histoire. Celle-ci est d’abord celle d’un livre, titré Une fois (et peut-être une autre), publié en Allemagne en novembre 1999 par Wim Wertmayer. On y suit les faits et gestes d’un dénommé le Sec, homme vivant dans une ville indéterminée, simplement coupée en deux par une rivière, en compagnie de ses deux sœurs, la Grande et la Petite.
 » Il était né un dimanche, jour de repos, cadet d’une fratrie de trois enfants. C’était un soir pluvieux, les membres de la famille accouraient à pas glissants sous leurs pardessus trempés, impatients, et pas mécontents d’échapper à la pluie. « 
La vie du Sec n’est pas palpitante. Il est toutefois inquiet à cause d’une grosseur, un kyste, peut-être une tumeur, qui lui pousse dans la nuque et qu’il faut enlever. L’ablation n’est qu’une formalité mais à chaque fois qu’il se rend à l’hôpital, un événement imprévu reporte l’intervention à une date ultérieure.
L’existence du Sec se poursuit bon an mal an. Elle se termine avec sa mort, d’un cancer du poumon à l’âge de cinquante-quatre ans. Le roman de Wim Wertmayer passe inaperçu et l’histoire pourrait s’arrêter là si, sept ans plus tard, à l’autre bout du monde, à Montevideo, un critique amateur, connaissant plusieurs langues, n’était pas tombé sur ce livre dont le titre lui dit quelque chose. Le lisant, il découvre qu’il est en tous points identique au roman d’un jeune écrivain uruguayen, Joaquín Chiellini, publié le même mois de la même année, livre à propos duquel il avait d’ailleurs écrit une note.
Pour la première fois, dans l’histoire littéraire, il y a donc deux écrivains, qui, sans se connaître, ont écrit le même livre. Si, à l’époque, les deux ouvrages n’avaient eu que peu d’échos, cette coïncidence qui dépasse l’entendement va bientôt les propulser en haut des ventes. Les deux éditeurs vont s’entendre pour faire fructifier cet étrange hasard. Les auteurs se rencontrent. Le livre allemand sera traduit en Uruguay et inversement. Traduction assez facile puisqu’il s’agit du même livre déjà disponible dans les deux langues.
La machine éditoriale se met rapidement en branle. Et Kostis Maloùtas jubile ! Il rappelle, de temps en temps, que les deux écrivains, dont Une fois (et peut-être une autre)est le premier livre, se retrouvent, depuis la parution de celui-ci en 1999, quasiment à sec, incapables d’ en concevoir un second. Il emmène le lecteur sur des chemins sinueux, freine, repart, réintègre la route principale et bifurque à nouveau. Son roman est constitué d’histoires à tiroirs. Il les raconte en adoptant une écriture qui n’a rien de désinvolte. Elle s’avère, bien au contraire, extrêmement fouillée. L’ironie affleure. À travers les nombreuses pérégrinations – de par le monde puisque les universitaires, alléchés par la bizarrerie télépathique, y ont évidemment trouvé du grain à moudre – des auteurs, des éditeurs et des essayistes qui se penchent sur les livres jumeaux, Une fois (et peut-être une autre) questionne, avec malice mais non sans rigueur, ce qu’il en est du mythe de l’écrivain et de la vie d’un livre. »
Jacques Josse écrivain remue.net
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« Je l’ai trouvé formidable, bavard, agaçant, amusant : je souris encore de la très probable jouissance de l’auteur à écrire un truc pareil. Un sacré bouquin, invendable (au sens prosaïque du terme), virtuose, poilant, profond et, surtout, finalement, d’une totale désinvolture. Tout ce que je peux aimer. Sans parler du fait qu’en matière d’écriture, c’est de haute volée (que le traducteur soit béni, on pourrait croire que, justement, le roman n’ait pas été traduit). »
Librairie Les Traversées Paris
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« Chez Do éditions, on soupçonne un certain goût pour la farce et le jeu. Le jeu littéraire bien sûr, le jeu sur l’espace fictionnel et la manière dont chaque lecteur peut l’investir. Ce qui est incertain et vraisemblable n’est-il finalement pas le plus stimulant en littérature ? » → Lire la suite sur L’Espadon, blog d’actualité, de critiques et chroniques littéraires
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« Une fois (et peut-être une autre) : c’est la littérature dans tous ses états. A lire sans modération. »
tweet de Philippe Masseron directeur du Centre français d’exploitation du droit de copie (même en rêve on n’aurait pu imaginer que cela se réalise)
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« Une fois (et peut être une autre) c’est l’histoire d’un livre écrit par un romancier allemand. Il raconte l’histoire d’un homme ordinaire, dans une ville impossible à situer. Ce livre, qui passe inaperçu à sa publication, réapparait 7 ans plus tard dans la sphère littéraire, lorsqu’on lui découvre un jumeau, une copie identique, publiée au même moment dans un pays différent. Cette découverte est très vite récupérée par éditeurs, essayistes, universitaires… Mais la question reste en suspens, ont-ils vraiment écrit le même livre ?
Sous couvert de ce récit, Kostis Maloutas, nous propose un récit introspectif sur le livre, et sur le caractère stérile qui le régit de manière inhérente. Point par point, il va décortiquer toutes les strates qui compose le monde du livre, pour en révéler l’absurdité : De l’éditeur au pigiste tous y passent ! Embarqué dans un système de récit enchâssé proposé on plonge dans un univers burlesque, proche de l’absurde et du non-sens, rendant le récit absolument délicieux.
Honnêtement je n’ai jamais lu un livre pareil. La composition du texte est assez déroutante, aussi elle pourra peut-être vous décourager. Mais dès qu’on comprend les codes menés par l’auteur, on est enveloppé dans une ironie diffuse et dans un jeu de textes gigognes qui questionnent un à un tous les enjeux de l’édition. Bien sur une idée grinçante reste en suspens. Innovons-nous réellement ou sommes-nous toujours la copie de quelqu’un d’autre, des singes savants bon qu’à imiter ? Un livre qui vous secoue, à découvrir ! À moins que vous en ayez déjà entendu parlé par le biais d’une autre revue, copie conforme à la mienne ? C’est qui mon jumeau selon vous ? »
aude_charlotte Instagram
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Un livre croisé une fois (et peut-être une autre)
« Il découvre le livre en librairie, vendredi dernier. Le titre, en tranche sur l’étagère, joue de la parenthèse : une fois (et peut-être une autre). Les parenthèses, il aime bien ça. C’est un roman étranger. La langue, c’est du grec. Le titre donne en v.o μια φορά (και ίσως κι άλλη μία). Les grecques sont des voix chères. C’est une nouveauté de l’année. Du 2019. Il découvre à l’occasion les éditions do. Elles sont situées à Bordeaux (d’où le do ?).
Ce jour-là, il lit le résumé.
« Paraît un jour un livre, d’un romancier allemand, qui raconte l’histoire universelle, sagement absurde bien qu’alambiquée, d’un homme ordinaire, à une époque et dans une ville impossibles à situer. L’ouvrage, dont le titre est Une fois (et peut-être une autre), passe inaperçu ou presque, jusqu’à ce que l’on découvre, sept ans plus tard, l’existence d’un roman « jumeau », au titre et à l’intrigue en tous points identiques. Un livre publié à la même période, mais de l’autre côté de l’Atlantique, dans une autre langue, par un auteur uruguayen. Lequel serait resté dans l’anonymat le plus total s’il ne s’était pas ainsi trouvé, avec son confrère allemand, promu héros d’une vertigineuse coïncidence dont s’emparent vite éditeurs, essayistes, critiques, universitaires… Mais la question demeure : deux hommes, étrangers l’un à l’autre, peuvent-ils réellement avoir écrit le même roman ? »
Il est très tenté. Il le prend pour l’acheter. Puis il le repose. D’autres livres l’appellent. Pourtant, ce jour-là, il ressort de la librairie sans avoir rien acheté pour lui.
Pourquoi ?
N’entend-il pas le grincement machiavélique du destin ?
Une petite semaine plus tard, il voit le même livre en bibliothèque. Sur le présentoir. En évidence. Il n’hésite pas cette fois-ci. Un signe, non ?
Il l’a vu une fois (et assurément une autre).
Lorsqu’il commence la lecture dans son transport en commun préféré (une seule syllabe comme dans le nom des éditions do), il est sidéré.
La première page est une épiphanie.
« Au début du mois de novembre 1999, le 7 précisément, Wim Wertmayer publia son roman, une œuvre qu’il avait commencé à élaborer près d’une décennie plus tôt. »
Quoi ? Une chance sur 365 ? Oui, peut-être. »
Lire peu ou Proust, le 7 novembre 2019
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Mais où peut-on trouver les livres de do ?
Librairie Ici, Paris
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Librairie Le Furet du Nord, Lille
(photos : Elsa Marchand Cormery, EMC Bookshop Relation Inc.)
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« Deux romans, donc, deux analyses (et des poussières), deux éditeurs, deux systèmes littéraires. Deux livres ignorés à leur sortie, deux auteurs méconnus qui font fortune et deviennent célèbres aux quatre coins de la planète non pas grâce à leur originalité, mais grâce à son absence même : leurs romans sont identiques, au mot près, un peu comme lorsque, chez Borges, l’écrivain Pierre Ménard réécrit Don Quichotte, mais sans le décalage temporel. (…) Le roman de Kostis Maloùtas est un livre ouvert, à tous points de vue, dans lequel on entre avec autant de facilité que de plaisir, malgré tout ce qu’il contient. »
Titìka Dimitroùlia CNN Greece
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« Curieux, vraiment curieux, voilà ce que je me disais en progressant dans ma lecture, et j’ignorais que je continuerais à me le dire même une fois la lecture terminée, pensant connaître, justement, les limites d’une lecture, à vrai dire les croyant acquises, bornées par la première et la dernière page, comme c’est le cas d’habitude… mais n’entrons pas trop dans les détails. Curieux, vraiment curieux, voilà ce que j’ai ressenti à la lecture de ce roman cérébral dans sa conception et sa construction, un jeu de reflets et de questionnements continuels, une géniale provocation. »
Yànnis Kalogeròpoulos NO14ME
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« Écrit dans une langue simple, économe, le premier roman de Kostis Maloùtas s’en tient au strict essentiel – noms de lieux et de personnages, traits de personnalité, événements narratifs –, qu’il nous donne presque à contre-cœur, du bout de la plume. Car le véritable protagoniste du livre, c’est l’écriture elle-même. (…) L’inspiration, l’intertextualité, la traduction, l’aspect commercial d’un livre, l’universalité de l’écriture, le sens de l’originalité, les débats critiques, le jeu des trouvailles littéraires, sont tout à la fois les héros du livre et ses enjeux thématiques. Comme cela arrive dans la littérature de l’absurde, ou par exemple dans les romans de José Saramago, l’écrivain répond à la question : « Que se passerait-il, si ? ». Que se passerait-il, donc, si deux auteurs écrivaient, sans raison ni explication objectives, le même livre ? La réponse n’est autre que ce livre. »
Thomas Tsalapatis poète sur son blog Groucho marxism
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Les extraits des critiques sont traduits du grec par Nicolas Pallier, auquel l’éditeur adresse toute sa reconnaissance, et plus encore, pour non seulement lui avoir proposé ce texte, et partant, ce projet, et pour l’avoir aussi amicalement accompagné. 
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