« Il n’y a personne comme Naja Marie Aidt. Elle n’est comparable qu’à des choses comme les séquoias, le chant des baleines, les orages du désert ou les loups. La profondeur de son monde émotionnel et la clarté diaphane, souvent brutale, avec laquelle elle comprend l’âme humaine nous invite à nous arrêter, à respirer, à réfléchir. »
Valeria Luiselli écrivaine
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« En 2015, Naja Marie Aidt, l’une des meilleures écrivaines du Danemark, a perdu son fils Carl dans un horrible accident (avec un ami, il a pris un champignon psychédélique, a eu une psychose aiguë et a sauté par la fenêtre. Deux jours plus tard, il est mort, à l’âge de 25 ans). Pendant un moment, Naja a cru qu’elle ne pourrait plus jamais écrire. La littérature semblait inutile, mais lentement la tentative de décrire l’extrême douleur et le traumatisme qu’elle et sa famille vivaient, demandaient de la littérature. La langue est venue à la rescousse. Le résultat est l’un des meilleurs livres jamais écrits sur le chagrin dans l’histoire littéraire danoise. C’est déchirant dans sa description de l’horreur, du traumatisme et de la perte, mais c’est aussi beau, courageux, poétique et inoubliable. Cela m’a tenu éveillée quelques nuits, m’a fait penser à ceux que j’aime et à la survie et à la littérature comme à un temple où nous essayons de guérir nos blessures. »
Dorthe Nors écrivaine
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« Si la mort t’a pris quelque chose rends-le. Le livre de Carl est une lettre d’un voyage à travers un lac de feu. Aidt réussit l’impossible émotionnellement, en partageant avec le lecteur un peu de ce que c’est que de perdre un enfant. Un livre radieux. »
Rivka Galchen écrivaine
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« Naja Marie Aidt est, sans aucun doute, l’un des meilleurs écrivains vivants de Scandinavie. Toujours intéressante. Toujours intelligente. Joueuse, précise et passionnée. L’écrivaine d’une écrivaine — l’un des rares que j’attends et que je lis dès qu’elle a publié quelque chose de nouveau. Et puis il y a Si la mort t’a pris quelque chose rends-le. Le livre de Carl : un chef-d’œuvre déchirant sur la perte, la résilience et l’amour inimaginables. Je souhaite de tout mon cœur que Naja Marie Aidt n’ait jamais eu à écrire ce livre — un récit de l’intérieur du deuil — et en même temps je lui suis profondément reconnaissante de l’avoir fait. Il est dévastateur, sage, précis et beau. Parfois, une œuvre d’art vous rend impatient : vous voulez la partager avec tout le monde. Vous appelez les gens (vous les appelez, vous frappez à leur porte, vous achetez le livre et vous le mettez dans leur boîte aux lettres) et vous leur dites de le lire immédiatement. Si la mort t’a pris quelque chose rends-le. Le livre de Carl évoque ce genre d’urgence. »
Linn Ullmann écrivaine
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« « Il n’y a rien de pire que la perte d’un enfant » . C’est ce que dit sa doctoresse, plusieurs mois après le décès de son fils de vingt-cinq ans, mort dans un accident funestement stupide. C’est ce que Naja Marie Aidt a expérimenté. La mort n’est jamais lisse, elle n’est jamais linéaire, elle ne commence pas par un sujet pour finir par un point, elle est faite de sursauts, de bonds, de routes qui s’arrêtent brutalement, d’abîmes, beaucoup d’abîmes. Elle se traduit par des cris, des pleurs, des moments d’abattement intenses. Alors dans ce court ouvrage qui ne souhaite pas verser dans le misérabilisme et le pathétique, l’autrice nous fait surfer sur des extraits de journaux intimes, de notes, de poèmes, d’écrits. Le livre exprime le chaos que représente un deuil aussi monstrueux que celui de perdre un enfant, polices différentes, physionomie déstructurée du récit, les mots se mettent à des endroits étranges dans la page, comme une chose abominable et impossible à appréhender.
Et en tant que mère, on pleure aussi. »
laplumedemasquee
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La Voix des Danois est une série de podcasts sur la littérature danoise qui va nous faire découvrir un ouvrage qui vient d’être traduit et publié en France. La série est présentée par Catherine Poher en partenariat avec le festival Les Boréales.
Dans cet épisode, Catherine Poher nous présente le roman Si la mort t’a pris quelque chose rends-le. Le livre de Carl.
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« La lecture de ce livre demande calme et totale disponibilité d’esprit. Il demande d’être vraiment avec les mots de l’auteure car ce qu’elle a écrit vient de sa douleur, de sa difficile reconstruction, et elle mérite notre attention pleine et entière.
Naja Marie Aidt a malheureusement vécu le pire qu’un parent puisse vivre : perdre un enfant. La vie voudrait qu’on les fasse grandir, qu’on les protège, qu’on les aime et qu’à leur tour ils vivent leur vie et avancent, qu’ils répondent ou non à ce qu’on imaginait qu’ils deviendraient, mais, quoi qu’il en soit, qu’ils nous survivent.
Ce texte à la structure singulière reflète le séisme, la violence de l’épreuve et la vie qui doit continuer alors que ça paraît impossible quand demain n’arrive plus à exister. Vivre sans Carl, vivre avec son immense absence, survivre jour après jour. Naja Marie Aidt tresse ses notes et souvenirs familiaux, des mots de Carl, des citations littéraires et la précision bouleversante des trois jours de mars 2015, les jours de la mort de Carl, indélébiles.
Entre spiritualité et refus de spiritualité, impossibilité des mots, perte du sens et refuges littéraires auprès d’auteurs ayant vécu une épreuve similaire, Naja Marie Aidt rend ce que la mort lui a pris : elle nous parle à la fois de Carl (je retiens notamment son sourire solaire) et elle met des mots sur les moments qui ont suivi la déchirure, le moment qui a fait que plus rien ne sera plus jamais pareil, ce moment qui dit qu’il y avait un avant et qu’il n’y a désormais qu’un après.
Ces trois jours terribles de mars reviennent régulièrement et se dévoilent peu à peu, s’entrecoupent, se reconstituent. Comme si, l’espace d’un instant, on partait voyager dans les souvenirs, s’affranchissant un peu du présent. Ne serait-ce que quelques minutes. Mais la réalité rappelle les pensées à elle avec une cruauté intacte. Trois jours éternellement au présent.
Les nombreuses citations d’auteur•e•s, comme des bouées, m’ont donné le sentiment que si la littérature peut parfois sembler dérisoire, elle se révèle aussi, quand le moment est venu, une aide précieuse. Quand les mots ne viennent plus, des auteur•e•s peuvent prêter les leurs, ils peuvent aussi nous faire nous sentir moins seul•e•s. A mes yeux, ce livre de Naja Marie Aidt est à la fois un hommage à son fils dont elle immortalise des instants et l’amour qu’elle lui porte au passé comme au présent, le témoignage d’un cheminement de deuil ainsi qu’une façon de s’allier aux voix littéraires qui ont parlé de la perte d’un enfant, comme un geste de compassion pour tous les parents confrontés à cette épreuve inimaginable et dont on voudrait pouvoir préserver toute l’humanité. »
Les Miscellanées d’Usva →
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« Écrire la perte d’un être cher. Trouver dans les mots, dans la littérature, un refuge. On a rarement lu plus beau, plus juste, plus émouvant. »
Librairie L’Atelier Paris
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« Un ultime livre aux éditions pour 2020 sur le deuil et la perte. Et encore une fois un texte qui apporte véritablement sa contribution à cette épreuve si lourde et intraduisible qu’est la perte des êtres qui nous sont chers.
Texte entièrement autobiographique, Si la mort t’a pris quelque chose rends-le est la tentative de Naja Marie Aidt de raconter la mort de son fils, l’absence qu’elle provoque, la tristesse infinie qui en découle et entaille, annihile de façon pérenne le quotidien. Mais de façon surprenante, alors que ses lignes sont l’aveu de l’incapacité de la littérature à dire ce néant, l’autrice incorpore nombre d’extraits de textes du patrimoine littéraire, qui ont tenté par le passé d’exprimer leur chagrin, le morcellement de la de la vie, l’amour inconditionnel.
Elle parvient ainsi, dans un maelström émotionnel, à composer une œuvre terrassante, mais juste et belle.
L’écriture comme aveu d’impuissance et outil de reconstruction. Admirable. »
Librairie Myriagone Angers
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« Quel livre sublime ! quand Nastassja Martin a écrit son magnifique Croire aux fauves, elle a posé son regard d’anthropologue sur son expérience de la mort et de la métamorphose sans faire d’anthropologie. après la mort d’un de ses fils, Naja Marie Aidt pose son regard de poétesse sur le chagrin et la perte sans faire de poésie. elle dit des textes de deuil : « L’écriture est ouverte et déverse son incapacité dans tout ce qui ne tient pas debout. Un trou où vibre la mort. Il n’est pas possible d’écrire de manière artistique et esthétique sur le deuil et le chagrin. » Elle écrit donc comme elle peut parce qu’il faut bien finir par tenter de circonscrire l’indicible. Elle le fait magistralement et rejoint les très grands livres de deuil dont elle se fait d’ailleurs la chambre d’écho : Didion, Roubaud, Mallarmé… Surtout, que le thème de ce livre ne vous rebute pas, vous verrez qu’il est étonnamment cathartique et réconfortant, surtout en cette période de grands bouleversements. Et il est d’une beauté à couper le souffle. »
Céline Leroy traductrice (de l’anglais) donc lectrice (de tout)
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Entre douleur et rage
« En 2015, l’auteure a perdu l’un de ses fils, Carl, âgé de 25 ans, dans des circonstances que je ne révèlerai pas, car elles s’éclaircissent au fil du récit. Ce bouleversement, terrible non seulement pour la mère, mais pour toute la famille et pour les autres proches de Carl, qui était particulièrement attachant et affectueux, donne lieu à un livre où se mêlent des extraits du journal intime de Naja Marie Aidt, des fragments de prose, des poèmes et des documents trouvés dans l’appartement du défunt.
L’auteure cite, en outre, de nombreux textes d’écrivains évoquant le deuil – le corpus va des littératures antiques à Joan Didion, en passant par Mallarmé et Jacques Roubaud –, qui l’aident dans sa souffrance et dans sa réflexion sur la façon dont l’humain réagit à la perte d’un être cher.
Indépendamment de son aspect fragmentaire (renforcé par la typographie qui utilise différentes polices et plusieurs styles), le récit offre une cohérence parfaite, même si le lecteur ne la perçoit pas dès les premières pages. De fait, elle se dessine progressivement, entre autres à l’aide d’un procédé très judicieux qui consiste à reprendre par étapes, en répétant chaque fois la dernière, le récit de la soirée où la mort de Carl est annoncée par téléphone, et des lendemains.
L’écriture d’Aidt couvre une palette allant de la phrase inachevée, proche du cri, à des passages très élaborés. Dans tous les cas, le lecteur perçoit parfaitement l’état d’esprit de la narratrice (saluons le traducteur), et souvent, il s’en trouve imprégné de façon poignante. Nous n’en sommes pas empêchés pour autant d’avoir un point de vue différent de celui de la mère sur certains faits, comme sur la manière dont elle les interprète.
Une partie de ce décalage provient probablement du fait que le livre a été achevé seulement deux ans après l’événement tragique : l’auteure semble manquer de recul par endroits, d’où résultent quelques contradictions dont elle s’est peut-être aperçue depuis. La plus frappante consiste à mettre en avant, maintes fois, l’idée qu’elle “déteste l’art“ et que l’on ne saurait écrire sur la mort d’un être aimé que de façon maladroite et/ou fragmentaire.
On comprend que cet état d’esprit ait pu s’imposer à Aidt pendant telle période, mais son insistance sur ce sujet n’en est pas moins en contradiction avec une partie des textes qu’elle cite, et avec son propre récit, qui relève bien davantage de l’art que du simple cri de rage ou de douleur.
Quoi qu’il en soit, le livre est bouleversant et fascinant, au point qu’on y repense constamment après l’avoir refermé. Je le conseille à tous les lecteurs qui connaissent le deuil d’expérience, et à ceux qui sont sensibles aux histoires de famille. »
Agathe de Lastyns lelitteraire.com
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« Suffocant, bouleversant, ce livre raconte malgré lui l’irracontable, la mort d’un enfant. Naja Marie Aidt convoque celles et ceux qui ont essayé de le dire avant elle, et c’est cela, et ce n’est jamais cela, ce ne sera jamais cela. Ce livre dit les limites de l’écrire. Et dit aussi comme la mort prématurée sème partout ses indices avant d’advenir. Une splendeur. »
Victoire de Changy
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