Rudefoucauld, Alain Julien

ALAIN JULIEN RUDEFOUCAULD
La Colonie migratoire
FRANCE
Paru le 8 février 2024 
Né à Mostaganem en Algérie, Alain Julien Rudefoucauld arrive en France en plein exode de juillet 1962, à fond de cale d’un cargo bananier avec deux mille personnes entassées. Devant le refus catégorique de Marseille de recevoir le bateau et les transactions dilatoires de Toulon, le bateau devra rester deux nuits et trois jours en mer, entre le golfe du lion et la mer ligure, sans nourriture, ni eau le troisième jour.
Arrivé à Toulouse en septembre 62, il est mis en quarantaine sociale par les élèves et une partie des professeurs. Sa professeure de français remarque ce qu’elle juge talent d’écriture à la lecture d’un long poème de huit cents alexandrins sur la guerre. Elle prendra sa défense lors des deux passages en conseil de discipline pour « indiscipline, insoumission et violence ».
C’est de ces deux situations, figurées par « la femme et le paria, le lion et la ligure », que se nourrit souterrainement une grande partie de son écriture. Au théâtre, qui lui permet de faire connaître ses écrits, il s’attèle alors d’un côté à une dramaturgie des limites de la représentation, de l’autre à un théâtre de l’humain et de la pensée. Plusieurs de ses pièces ont été créées.
Membre sociétaire de la SGDL ainsi que de la SACD, Alain Julien Rudefoucauld a reçu plusieurs bourses nationales, comme régionales – aussi bien dans la catégorie théâtre que roman.
Il a bénéficié d’une résidence à la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon, où il écrit un roman J’irai seul, publié aux éditions du Seuil (2003) et une pièce de théâtre L’Ombre et le Pinceau, qui traite des rapports de l’art et de la perversion — elle sera mise en espace au CDN de Nice par Paulo Corréa. Plusieurs pièces sont inscrites au répertoire de la SACD.
L’ensemble de son œuvre publiée sous le nom de Rudefoucauld comprend à ce jour des articles, une quinzaine de textes théâtraux, huit romans dont trois primés — il fut lauréat du prix France-Culture/Télérama pour Le Dernier Contingent (2012) et du prix de la page 111 Radio Nova pour Une si lente obscurité (2013), parus aux éditions Tristram ; du prix Dino Buzzati, pour Peep-show, aux éditions L’Esprit du Temps (2017) ; son livre le plus récent est Bat’ le veilleur, Serge Safran éditeur (2023) , et deux essais dont un sur la répression légale des minorités sous Vichy.