Sans répit, le suroît soufflait et soufflait ; sans répit, l’immense banc de glace poursuivait sa course toujours plus loin vers le large — il y avait dessus quatorze pêcheurs et deux chevaux. Tout occupés qu’ils étaient à forer des trous et à y plonger leurs filets, parmi eux pas un ne s’était rendu compte que l’aire de pêche s’était détachée du rivage. Et lorsqu’ils avaient réalisé le malheur qui les frappait, leur sauvetage était déjà impossible. Quelques instants auparavant, un des chevaux avait filé au trot en direction de la terre ferme, et Kārlēns, l’apprenti de seize ans qui montait le second, était parti à ses trousses ; il avait eu tôt fait de rattraper la bête, et de là, avait vu que, sans nul doute, la plaque sur laquelle ils se trouvaient piégés dérivait. Hors d’haleine, il avait accouru auprès des hommes pour les avertir, mais lorsqu’ils se précipitèrent pour constater par eux-mêmes ce qui se passait, tout espoir de rejoindre la côte à la nage s’était évanoui.